À Charles Spon, le 20 août 1649, note 7.
Note [7]

Journal de la Fronde (volume i, fos 80 vo‑81 vo, août 1649) :

« Le 18 sur le point du jour, on tira quantité de boîtes {a} à l’Hôtel de Ville pour préparer les esprits à la réjouissance. Le même jour, Leurs Majestés partirent de Senlis et vinrent dîner au Bourget, deux lieues d’ici, où M. le duc d’Orléans leur alla au-devant avec quantité de noblesse, qui fut suivie d’un si grand nombre de personnes que les chemins depuis Paris jusqu’au Bourget n’étaient pas asses larges pour les contenir. Tout ce qu’il y avait de chevaux dans Paris fut employé à cette cavalcade qui commença d’entrer à cinq heures du soir par la porte Saint-Denis, en bel ordre après les gendarmes et chevau-légers du roi et de la reine, à la tête desquels paraissaient le maréchal de Schomberg et le marquis de Saint-Mégrin. Les rues depuis la porte Saint-Denis jusqu’au Palais-Royal étaient tapissées aux fenêtres du premier étage, la tapisserie ne pouvant paraître en bas à cause de la grand-foule du peuple qui y était en haie dans les rues. Le duc de Montbazon, les prévôt des marchands et échevins, et les conseillers de ville furent à cheval avec leurs robes recevoir Leurs Majestés à la Croix Penchante, qui est par-delà La Chapelle sur le chemin de Saint-Denis, {b} et après y avoir fait leur harangues, suivirent la cavalcade. Leurs Majestés entrèrent sur les huit heures du soir aussi par la porte Saint-Denis et comme il était déjà tard, on mit des lanternes sur les fenêtres. Aussitôt on commença à faire universellement des grands cris de Vive le roi ! qui furent continués jusqu’à ce que Leurs Majestés furent entrées dans le Palais-Royal. Le roi était à l’une des portières de son carrosse avec M. le duc d’Anjou et le duc d’Orléans, la reine et Mademoiselle sur le devant, M. le Prince et M. le cardinal dans l’autre portière, et Mme la Princesse douairière sur le derrière. On remarqua que Son Éminence y parut avec un visage assez résolu et le respect fut si grand que personne ne leur dit aucun mot fâcheux. Les gardes du corps du roi, de la reine et de M. le duc d’Orléans suivaient ce carrosse avec quelques officiers. En même temps, on fit une décharge de 200 boîtes et de tous les canons de la ville qui furent encore déchargés après un beau feu d’artifice qu’on avait préparé dans la place de Grève. La reine étant dans le Palais-Royal, témoigna être très satisfaite du respect et de l’amour des Parisiens, et dit qu’après cela elle oublierait volontiers tout le passé. L’on fit ensuite des feux de joie devant les maisons par tout Paris pour achever la fête. »


  1. Pétards de mortier.

  2. V. note [56] du Borboniana 10 manuscrit, notule {f}.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 août 1649, note 7.

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(Consulté le 20/04/2024)

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