À André Falconet, le 3 mars 1665, note 7.
Note [7]

La Sorbonne venait de censurer sans appel l’Opusculum de Guimenius (Lyon, 1664, v. note [4], lettre 812) en le qualifiant (Bertière b, pages 499‑500) « d’“ anti-Évangile ”, de “ cloaque ” où se trouvait ramassé “ tout ce qu’on a pu découvrir de plus sale, de plus impur, dans les casuistes modernes ”. Elle n’osa reproduire, bien qu’elles fussent en latin, les plus choquantes des propositions qu’elle y releva, et se contenta d’en interdire, en bloc, la lecture. Or il se trouvait que l’auteur [le P. de Moya, jésuite] avait, entre autres choses, soutenu la thèse de l’infaillibilité pontificale, qui tombait de facto sous le coup de la condamnation. »

La Compagnie de Jésus profita de l’aubaine pour allumer les feux à Rome, où le pape était encore mal remis des duretés du traité de Pise (v. note [1], lettre 772). En mars 1665, la querelle de l’infaillibilité s’échauffait sérieusement (v. note [3], lettre 830) et pouvait servir de prétexte à l’ambassade extraordinaire dont le roi chargeait Retz ; il s’agissait peut-être aussi d’une nouvel éloignement de l’ancien cardinal frondeur, toujours morfondu du sort qu’on lui avait réservé depuis et qui pouvait mordre encore.

Olivier Le Fèvre d’Ormesson (Journal, tome ii, année 1665, pages 325‑326) :

« Le jeudi 12 mars, je fus à sept heures du soir voir M. le cardinal de Retz, logé depuis trois jours aux Jacobins réformés, {a} ayant été mandé par le roi pour l’obliger d’aller à Rome, sans néanmoins autre qualité que celle de cardinal. Il était avec M. le maréchal de Villeroy. Après, il nous reçut fort civilement, M. de Petit-Marais et moi, et me conduisant, il me fit beaucoup de compliment sur la dernière affaire. {b} J’ai su qu’il avait été mal reçu du roi ; qu’il avait été voir M. Colbert, qui ne l’avait pas encore visité ; que M. Le Tellier ne l’avait été voir que cinq jours après son arrivée ; qu’on voulait qu’il allât à Rome, et qu’on ne lui en parlait pas ; enfin, qu’il crevait dans son cœur de ce traitement ; que l’on rappelait M. de Créqui {c} et qu’on parlait d’y envoyer M. de Vitry. »


  1. Rue Saint-Honoré.

  2. La mort de mon père.

  3. Ambassadeur de France à Rome.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 3 mars 1665, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0814&cln=7

(Consulté le 01/12/2024)

Licence Creative Commons