À André Falconet, le 23 juillet 1671, note 7.
Note [7]

Ce passage a pu être profondément modifié par Charles Patin (v. supra note [4]). « M. de C. » pouvait être Jean-Baptiste Colbert, mais je peine à comprendre pourquoi cet éminent ministre aurait voulu se procurer le manuscrit, c’est-à-dire parrainer l’impression du prochain livre de Carolus : {a}

Imperatorum Romanorum Numismata ex ære, mediæ et minimæ formæ : Descripta et Enarrata per Carolum Patinum Doctorem medicum Parisiensem.

[Les Médailles en bronze des empereurs romains, de petite et moyenne taille : décrites et expliquées Par Charles Patin, docteur en médecine de Paris]. {b}


  1. Colbert pouvait être mû par le désir de faire briller le génie français et d’éviter une dédicace à l’empereur Léopold ier, illustrée de son glorieux portrait. {i}

    Surmonté d’une devise que je n’ai pas su attribuer, {ii} le Summa Privilegii [Résumé du privilège] établit curieusement que l’ouvrage devait initialement être imprimé en France :

    Cautum est autoritate Regia, ne quis in Galliarum Regno librum, cui titulus est imperatorum Romanorum […], absque prædicti Caroli Patin permissu intra viginti annos excudat, vendatve. Si quis secus fecerit mulcta ter mille libellarum, confiscatione exemplarium, omniumque hac de causa impensarum, prout amplius in ipso Diplomate continetur, coercebitur. Lutetiæ Parisiorum vii. Februarii a.s. m.dc.lxii.
    Ludovicus
    .
    Subsignatum et ad mandatum Regis proprium phelipeaux.

    Concessit illud Privilegium dictus carolus patin Doct. Med. Parisiens. simoni paulli Bibliopola.
    Impressus est Liber Anno m. dc. l. xxi.

    [L’autorité royale avertit chacun qu’il est interdit d’imprimer ou vendre, dans le royaume de France et durant les vingt prochaines années, le livre intitulé imperatorum romanorum (…) sans la permission du susdit Charles Patin. Qui contreviendra sera contraint à une amende de trois mille livres tournois, à la confiscation de ses exemplaires et au règlement de tous les frais qui en découleront, en vertur de ce qui est contenu dans le présent document. {iii} À Paris, le 7e de février de la 1672e anné {iv} de notre Salut.
    Louis.
    Soussigné et sur mandat expresse du roi, phélippeaux. {v}

    Le susdit charles patin, docteur en médecine de Paris, a cédé le présent privilège au libraire simon paulli. {vi}
    Ouvrage imprimé l’an 1671.

    1. Leopoldus D.G. Romanor. Imperator semper Augustus [Léopold toujours auguste empereur des Romains, par la grâce de Dieu].

    2. Tandem implevit orbem [Il a fini par emplir le monde].

    3. Toutes ces clauses sont banales dans le privilège d’un ouvrage.

    4. Sic pour 1671e ?

    5. Louis Phélippeaux de Pontchartrain, président de la Chambre des comptes (v. note [13], lettre 656).

    6. Notre édition contient une lettre de Guy Patin à Simon ii Paulli, libraire-imprimeur de Strasbourg, qui a été ami de Charles pendant son séjour dans cette ville (v. note [7], lettre 989).

    Tout cela me pousse à penser qu’on parlait bien à la cour, comme écrivait Patin, « de rappeler mon Carolus », mais qu’une autorité supérieure à celle de Colbert ruina cette espérance : Louis xiv ou Monsieur, son frère.

  2. Strasbourg, Simon Paulli, 1671, in‑fo richement illustré de 500 pages.

L’excellent Gianluca Mori (v. note [5], lettre latine 302) a généreusement attiré mon attention sur ce précieux hommage qui figure dans les pièces liminaires de ce livre :

guido patin
Doctor Medicus Parisiensis et Professor Regius.

Longioris absentiæ tuæ desiderium utcunque levare cogor datis acceptisque litteris. Video autem Te ad umbilicum perduxisse Opus quod parabas, Numismatum Cæsarorum a Julio Cæsare usque ad Heraclium. Animadverto etiam Te aliqua antiquitatis monumenta alia raritate aut arte notabilia inseruisse suis locis. Bene factum arbitror, quod otii et negotii tui rationem reddere studuisti. Faxit deus ut in tuis studiis mea senectus possit quodammodo acquiescere. Vale.

[guy patin
docteur en médecine de Paris et professeur royal.

Les lettres que je suis contraint d’échanger avec vous soulagent tant bien que mal le regret de votre trop longue absence. {a} Je vois néanmoins que vous avez achevé l’ouvrage que vous prépariez sur les médailles impériales depuis Jules César jusqu’à Heraclius. {b} Je remarque aussi que vous y avez inséré à leur place quelques autres souvenirs antiques, remarquables pour leur rareté ou leur beauté. J’apprécie que vous ayez pris soin de témoigner ainsi des recherches auxquelles vous occupez vos loisirs. Fasse Dieu que vos études puissent procurer quelque paix à ma vieillesse. Vale].


  1. Seul témoignage objectif que je connaisse de la correspondance que Guy Patin et son fils ont échangée après que Charles eut été contraint de fuir la France en 1663. Ces lettres sont aujourd’hui perdues, sans doute détruites par Charles, notamment pour effacer toute trace de ses relations avec son père, qui aurait pu compromettre sa réintégration tant espérée dans la Compagnie des docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris : v. le paragraphe intitulé Vains efforts pour une réhabilitation académique à Paris (1683-1686) dans les Déboires de Carolus (notes [150][162]).

  2. Flavius Heraclius a régné sur l’Empire romain d’Orient de 610 à 641.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 23 juillet 1671, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1003&cln=7

(Consulté le 25/04/2024)

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