À Sebastian Scheffer, le 17 avril 1663, note 7.
Note [7]

V. notes [8], lettre 660, pour le commentaire de Johann Heinrich Meibomius (mort en 1655), père d’Heinrich, « sur le Serment d’Hippocrate » (Leyde, 1643), et [14], lettre 760, pour son « Mécène » (ibid. 1653).

Son manuscrit « sur les Vies des médecins » est resté inédit, mais il en est abondamment question dans la Henrici Meibomii de medicorum historia scribenda Epistola ad V. Cl. Georg Hier. Velschium Medicum Augustanum et Polyhistorem [Lettre d’Heinrich Meibomius sur la nécessité d’écrire l’Histoire des médecins. Au très distingué Georgius Hieronymus Velschius, médecin et érudit d’Augsbourg] (Helmstedt, Henning Müller, 1669, in‑4o), longue de cinq pages et datée d’Helmstedt le 1er février 1669.

Son destinataire, Georg Hieronymus Velsch (ou Welsch, Georgius Hieronymus Velschius, Augsbourg 1624-1677), docteur de l’Université de Padoue, était très féru d’histoire de la médecine, mais n’a pas pu publier l’ouvrage qu’il méditait sur ce sujet. Dans son Autobiographie, Charles Patin a écrit avoir compté Velschius parmi ses plus grands amis : v. sa note [37], qui donne aussi la référence de sa Vita [Vie], publiée par Lucas Schröck (Augsbourg en 1678), avec une bibliographie comptant plus deux cents entrées, tant publiées qu’inédites. On y lit aussi (page 40) qu’il a corespondu avec Charles Patin.

Deux passages de l’Epistola que Meibomius a écrite à Velschius méritent, entre bien d’autres, d’être ici traduits.

  • Intérêt de l’histoire de la médecine (page 4) :

    Cum autem eopse in loco Commentarii Parentis mei, του μακαριτου, Johannis Henrici Meibomii de Vitis Medicorum feceris mentionem, eumque a te desiderari non obscure significaveris, inde nata occasione hanc ad te Epistolam exarare volui, qua et illius institutum omne, et modum scribendi, et quid hactenus editionem remoratum, indicarem, simulque tuas opes ad locupletandum id scriptum sollicitarem.

    Non dicam apud te, quantæ utilitatis sit istæc Vitarum descriptio, cum vel maxime tibi placeat : nec recensebo pluribus notissimos tibi, qui istac opera demereri publicum voluerunt. Vetus enim est, describere Vitas virorum celebrium, qui vel meritorum magnitudine, vel commentationum doctarum monumentis famam nominis ad posteros transmisere : tum in singulis disciplinis catalogum et Indicem adornare, qui et nomina eorum, qui in emolumentum scientiæ quid contulerunt, in se contineat, et quæ aut qualia illa fuerint, uno quasi intuitu exhibeat. Qui vitas vel plurium vel unius digresserint, infiniti olim fuere, et sunt hodie etiamnum non pauci.

    [Dans ce même livre, {a} vous avez mentionné le commentaire de feu mon père, Johann Heinrich Meibomius, sur les Vies des médecins, sans dissimuler le désir qu’il vous inspire. J’ai donc voulu vous écrire une lettre pour vous expliquer tout son projet, sa manière de le rédiger et pourquoi cette édition demeure aujourd’hui inachevée, et aussi pour solliciter votre aide en vue de l’enrichir.

    Ce n’est pas à vous que je dirai combien cette biographie serait utile, puisque vous l’approuvez extrêmement, ni pour vous que je recenserai tous ceux qui ont manifesté leur volonté de la voir publiée, car vous les connaissez fort bien. Le dessein n’est en effet pas nouveau de décrire les Vies des hommes célèbres pour transmettre leur renom à la postérité, et pour l’ampleur de leurs mérites, et pour les doctes commentaires qu’ils ont mis au jour ; c’est-à-dire de confectionner un dictionnaire de toutes les disciplines, qui contienne leurs noms et ce qu’ils ont apporté au développement de la science, et qui permette, comme en un seul coup d’œil, de voir quelles ont été leurs contributions. Par le passé, une infinité d’auteurs ont publié les vies d’un seul ou de plusieurs de ces savants, et de nos jours, il n’en manque pas d’autres qui le font encore].

  • Place éminente des Arabes dans l’histoire de la médecine (page 12) :

    Nullibi magis defecit Parens, quam in Arabum Medicorum historia contexenda, quorum tamen numerus longe est maximus, quique si defuerint, minus perfectum quis opus hoc non immerito dicat. Qui enim in illa operæ aliquod pretium facere voluerit, et exactam Arabicæ linguæ notitiam habere debet, et cum ipsorum Medicorum Arabum, tum illorum librorum copiam, qui de Vitis Arabum Philosophorum et Medicorum in Bibliothecis extare memorantur. Ab utraque autem destitutum Parentem meum libens fateor : qui igitur ita Suffenus sim, ut lapsum ab eo caveri potuisse putem. Sollicitavit per literas multos præclaros Viros, ut subsidia sibi mitterent, sed partim inanibus promissis lactatus, partim sine spe dimissus est.

    [Nulle part mon père ne s’est plus trouvé en défaut que pour colliger l’histoire des médecins arabes ; leur nombre est pourtant immense et s’ils manquaient à cet ouvrage, on pourrait dire, non sans raison, qu’il est imparfait. Pour lui donner quelque valeur, il fallait maîtriser parfaitement la langue arabe, et pouvoir accéder à la grande abondance de ces médecins et de leurs livres, que recensent les bibliographies sur les Vies des philosophes et médecins arabes. {b} Je conviens que ces deux commodités manquaient à mon père ; mais j’ai été si peu éloquent {c} que je pense ne pas être parvenu à le mettre en garde contre ce défaut. Par lettres, il a sollicité l’aide de nombreux érudits, mais ils l’ont soit nourri de vaines promesses, soit éconduit sans espoir de secours]. {d}


    1. Georgii Hieronymi Velschii Sylloge curationum et observationum medicinalium Centurias vi complectes. c. notis ejudem et Epigrammatum Centuria i [Recueil des cures et observations médicales de Georgius Hieronymus Velschius, composé de vi centuries, avec ses notes et une centurie de ses épigrammes] (Ulm, Christian Balthazar Kühn, 1668, in‑4o) : le passage cité par Meibomius se trouve aux pages 8‑9.

    2. V. note [4], lettre 5.

      La Vita [Vie] de Velschius (§ ii, page 56) recense, parmi ses travaux inédits, une Historia Medicorum Orientalium et Idea Chronolog. Medicor. [Histoire des médecins orientaux et Idée de la chronologie des médecins], où il est expliqué pourquoi il n’est pas entièrement venu à bout de son dessein.

    3. Libre traduction de l’adage Ne mihi Suffenus essem [Pour ne pas faire de moi un Suffenus] (Érasme, no 1412), Suffenus étant le modèle du mauvais poète dans Catulle (v. note [48] du Borboniana 10 manuscrit).

    4. Très intéressé par l’histoire de son métier, Guy Patin nourrissait lui-même le projet d’en écrire une prosopographie. Il n’en est pas non plus venu à bout, mais à souvent interrogé ses correspondants sur la vie des médecins célèbres.

Le livre de Velschius cité dans la notule {a} supra mérite une attention spéciale car il y cite la correspondance de Guy patin, à propos de Jean Aubry (Aubrius, v. note [6], lettre 487), dont il écrit (page 12 du Syllabus observationum, curationum, espistolarum, et consultationum Medicinalium, quæ nondum editæ sed partem promissæ expectantur [Index alphabétique des observations, guérisons, lettres et consultations encore inédites mais dont on attend la parution promise]) :

Jo. Aubrius Montispessulanus in triumpho Archei, ut vocat, et miraculo mundi seu Medicina Universali nuper detecta, quarta editione auctiori promisit non tantum Apologiam contra adversarios suos, sed etiam testimonia curationum in morbis pro insanabilibus habitis, una cum plurimis consultationibus varia lingua absentibus etiam communicatis.

[Jean Aubry, de Montpellier, dans son Triomphe de l’archée, comme il l’appelle, et miracle du monde, ou Médecine universelle récemment dévoilée, quatrième édition augmentée, a promis non seulement une Apologie contre ses adversaires, mais aussi les témoignages de guérisons chez des malades réputés incurables, ainsi que de nombreuses consultations qu’il a transmise, même en l’absence des malades]. {a}

À la page 1 des Addenda ad Syllabum ineditorum [Additions à l’Index des ouvrages inédits], Velschius a inséré cette note sur Aubry :

Quamvis hunc agyrtam impudentissimum, Francisci de Bosquet Episcopi Monspelliensis tetimonio appellet vir Illustris Guid. Patinus, Archiatrus Regius Lutetiæ epist. 20. Centur. 4. apud Thom. Bartholinum. Licebit tamen, ut Hippocr.de præcept. και παρα ιδιωτευων ιστοριειν, id est, vertente Foësio, etiam ex plebejis sciscitari, et exemplo Galeni quamquam etiam ex agyrtis, empiricis ac Vulgi fece aliquid addiscere.

[Sur le témoignage de François de Bosquet, évêque de Monpellier, l’illustre M. Guy Patin, archiatre royal à Paris, dans la lettre xx, 4e centurie de Thomas Bartholin, appelle cet homme « un très impudent charlatan ». {b} On se permettra néanmoins de tirer quelque savoir des charlatans, des empiriques et de la lie du peuple, comme disait Hippocrate en ses Préceptes, και παρα ιδιωτευων ιστοριειν, « s’informer aussi auprès des ignorants » (suivant la traduction de Fœsius), {c} et à l’exemple de Galien].


  1. V. note [42], lettre 487, pour cet ouvrage publié en français (1654-1660) qui a été traduit en latin. L’édition qu’annonçait Velschius en 1668 avait déjà paru (sans lieu, chez l’auteur, 1660, in‑4o) sous ce long titre fort explicite :

    Triumphus Archei et Mundi Miraculum. Sive Medicina Universalis ac vera, contra omnia morborum, desperatorum quoque, genera : quos illa sanat refrigerando, per sudores, et transpirationes insensibiles, absque ulla incommoditate ac molestia, sine vomitu, nulla, ut credebatur, arte Magica. Firmata rationibus necessariis, ac demonstrationibus infallibilibus, quibus nemo sani bonique judicii contradicere potest. Nuper detecta, per Johannem Aubrium Montis-Pessulanensem, Sacerdotem ac Doctorem Scientiæ, Abbatem ad D. Virginis Assumtionem, Consiliarium ac medicum ordinarium Regis. Reginæ Angelorum dedicata. Quarta ejus editio, Aucta
    i. Apologia Autoris, contra quosdam Medicinæ Doctores, custodiæ ejus persecutores, in qua ad ipsorum respondetur calumnias, quod Autor arte curarit Magica morbos incurabiles ac desperatos.
    ii. Plurimorum testimoniis ac gratiarum actionibus pro curatis per remedia D. Aubrii morbis deploratis ac fixis, habitisque pro insanabilibus, additis ægrotorum sanatorum nomine et domicilio, maximam partem Lutetiæ commorantium, quorum nemo ægrotorum, qui D. Aubrii usus a primordio ad finem morbi remediis, mortuus est : quæ res est sane summe admirabilis et extraordinaria.
    iii. Plurimis consultationibus diversa lingua ad D. Aubrium missis a maxime expertis Europæ Medicis, Pharmacopœis, Chirurgis, Dominis, Ducibus, Præsidibus, Consilariis diversarum Curiarum, Marchionibus, Comitibus, Baronibus, Nobilibus, aliisque ; pro plurimis diversis Regnis ac provinciis ægrotis, ad recipienda ab ipso remedia procuranda in valetudine, sine necessitate veniendi ad ipsum Parisios remota præsumptæ, quæ credebatur, artis Magicæ suspicione
    .

    Traduction littérale du titre de l’édition française parue la même année à Paris, qui est transcrit dans la note [8], lettre latine 167.

  2. Cas unique dans notre édition, Velschius citait en 1668 (et critiquait) un propos contenu dans une lettre de Guy Patin : celle du 24‑26 août 1662 à Thomas Bartholin (v. ses notes [5] et [6]), qui a été imprimée pour la première fois à Copenhague en 1667.

  3. V. note [6], lettre 68, pour l’édition grecque et latine des œuvres complètes d’Hippocrate par Anuce Foës, imprimée pour la première fois à Francfort en 1595.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 17 avril 1663, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1272&cln=7

(Consulté le 13/10/2024)

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