À Johann Georg Volckamer, le 6 septembre 1663, note 7.
Note [7]

Page 27 (au milieu) de la Vita de Georg Richter :

Quinquennium eo ipso tempore, quod Johannes Hordal, Serenissimi Lotharingiæ Ducis Consiliarius et in Academia Ponti Mussana Professor Publicus, Historiam suam edidit de prodigiosæ et Mavortiæ illis Virginis, quam vulgo Puellam Aurelianensem dicebant, rebus contra Anglos inclyte gestis publicè edidit, quæ ipsa Historia contra Lipsium argumentis non spernendis egregiè defensa, ansam Richtero suggessit, ut de ea postmodum in Disputatione sua inaugurali, Basilæ pro Gradu habita, παρεργον publicum proposuerit.

[Cinq ans après que Jean Hordal, conseiller du sérénissime duc de Lorraine et professeur public en l’Université de Pont-à-Mousson, eut publié son Historia des illustres actions contre les Anglais de cette prodigieuse vierge guerrière, qu’on appelait communément la Pucelle d’Orléans, {a} où il l’a remarquablement défendue contre Lipse, {b} à l’aide d’arguments qu’on ne doit pas dédaigner, ce livre a fourni l’occasion à Richter d’en faire un corollaire à la thèse inaugurale qu’il a soutenue à Bâle pour obtenir son diplôme]. {c}


  1. Heroinæ Nobilissimæ Ioannæ Darc Lotharingæ vulgo Aurelianensis Puellæ Historia, ex variis gravissimæ atque incorruptissimæ fidei scriptoribus excerpta. Eiusdem Mavortiæ Virginis innocentia a calumniis vindicata. Authore Ioanne Hordal Serenissimi Ducis Lotharingiæ Consiliario et I.V. Doctore ac Professore publico in alma universitate Ponti-Mussana [Histoire de la très noble Jeanne d’Arc, native de Lorraine, communément appelée la Pucelle d’Orléans, extraite de divers auteurs tout à fait sérieux et intègres. L’innocence de cette même Vierge guerrière est vigoureusement défendue contre ses calomniateurs. Par Jean Hordal, conseiller du sérénissime duc de Lorraine, et docteur et professeur public des deux droits (civil et canonique) en la salutaire Université de Pont-à-Mousson] (Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1612, in‑4o).

    Jean Hordal (1542-1618) était petit-neveu de Jeanne d’Arc.

  2. Une attaque de Juste Lipse contre Jeanne d’Arc se lit dans ses Politiques (v. note [22], lettre 177), notes sur le livre i, chapitre iv, page 12 de la 2e partie (édition d’Amsterdam, 1632), commentant une citation de Quinte-Curce, Nulla res multitudinem efficacius regit, quam superstitio [Rien ne gouverne plus puissamment les esprits de la multitude que la superstition] (Histoire d’Alexandre le Grand, livre iv, chapitre x) :

    Virguncula fuit Johanna Lotharinga, (a Deo ne instincta an humana aliqua fraude subornata ?) quæ palam ad Regem venit, et mira constantia asseruit divinitus se missam, pellendis e Gallia Anglis. Res relata ad consilium, suasa, dissuasa. Regi admittere visum, et prudenter. Ejus sane opera, imo et ductu (nam arma gerebat, et viris præibat) Aurelianum arcta obsidione liberatum, et pleraque alia fortiter ac feliciter gesta. Ad exrtremum tamen vacillavit vaticinii fides cum Johanna capta ab Anglis et Rhotomagum ducta, igne exusta est ut præstigitatrix.

    [Jeanne de Lorraine fut cette Pucelle (était-elle inspirée par Dieu, ou subornée par quelque fourberie humaine ?) qui vint voir le roi et soutint avec une remarquable constance qu’elle était un émissaire divin chargé de chasser les Anglais hors de France. Le roi ayant examiné l’affaire, son Conseil se partagea entre l’en persuader et l’en dissuader ; il la reçut donc, mais avec prudence. Ce fut vraiment grâce à elle, et même sous son commandement (car elle portait les armes et dirigeait les hommes) que le siège d’Orléans fut levé et que bien d’autres actions furent menées avec autant d’énergie que de succès. À la fin pourtant, la croyance en l’oracle vacilla quand Jeanne fut capturée par les Anglais et menée à Rouen pour y être brûlée comme sorcière].

  3. Neuvième et dernier corollaire, à propos de Hordal, dans la Disputatio inauguralis in qua proponuntur quæstiones nobiliores de veteri iudiciorum forma et hodierna, de quibus […] pro honore et priviligeiis Doctoralibus in utroque jure consequendis, publice respondebit Georgius Richter Noribergensis. Die xxx Octobr. horis locoque solitis, Anno mdcxviii [Thèse inaugurale où sont soumises de très sérieuses questions sur la forme ancienne et moderne des jugements, auxquelles (…) Georg Richter, natif de Nuremberg, aura publiquement répondu, le 30 octobre 1618, aux heure et lieu usuels, pour bénéficier de l’honneur et des privilèges conférés par le doctorat en double droit (civil et ecclésiastique)] (Bâle Johann Jakob Genath, 1618, in‑4o) :

    Historiam de puella Aurelianensi Joanne Darcia Lotharinga (vulgo la pucelle d’Orléans) ab acutissimi ingenii et singularis doctrinæ Viro Justo Lipsio in dubium vocatam, et vel fabulis, vel exemplis magicis annumeratam, versissimam esse et pro singulari Dei O.M. beneficio habendam, virginemque contra omnia divina et humana jura furore Anglorum Rothomagi combustam, vere atque solide Cl. ille Pontamussanæ Doctor demonstravit.

    [Ce très distingué docteur de l’Université de Pont-à-Mousson a démontré avec force et conviction que l’histoire de Jeanne d’Arc, native de Lorraine (en français la Pucelle d’Orléans), que Juste Lipse, homme d’intelligence très acérée et de singulier savoir, a révoquée en doute, et attribuée à des contes ou à des sortilèges, est parfaitement véridique et à tenir pour une faveur de Dieu, qui est très grand et très bon, et qu’à Rouen, la fureur des Anglais a condamné cette vierge au bûcher, contre toutes les lois humaines et divines].

    Il est surprenant de voir de tels propos défendus dans une université protestante.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, le 6 septembre 1663, note 7.

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(Consulté le 25/04/2024)

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