Ces deux vers sont extraits de l’épitaphe (écrite en partie par lui-même) d’Adam de Saint-Victor ; {a} on la lit entre autres dans les :
Œuvres mêlées d’Étienne Pasquier. {b} Contenant plusieurs discours moraux, lettres amoureuses et matières d’État, comme aux deux précédents volumes. Tome troisième. {c}
Elle y est la première des Versions françaises du latin, les unes vers pour vers, les autres par imitation, page 542‑543 :
« Épitaphe de Frère Adam, religieux de Saint-Victor à Paris, gravé<e> en airain au cloître du monastère.
Hæres peccati, natura filius iræ,
Exiliique reus nascitur omnis homo.
Unde superbit homo, cujus conceptio culpa,
Nasci pœna, laboris vita, necesse mori ?
Vana salus hominis, vanus decor, omnia vana :
Inter vana nihil vanius est homine.
Dum magis alludit præsentis gloria vitæ,
Præterit, imo fugit, non fugit, imo perit.
Post hominem vermis, porst vermem sit cinis : heu ! heu !
Sic redit ad cineres gloria nostra simul.
Hic ego qui jaceo miser, et miserabilis Adam,
Unam pro summo munere posco precem.
Peccavi, fateor, veniam peto, parce fatenti,
Parce pater, fratres parcite, parce Deus.
Version.
Héritier du péché, enfant d’ire et d’envie,
Banni pour son forfait, l’homme ici prend sa vie :
Dont vient l’orgueil en lui, qui de coulpe engendré,
Naît en ris, vite en peine, et meurt bon gré mal gré ? {d}
Vains espoirs, vains honneurs, tout est vain : mais en somme,
Entre les vanités rien n’est si vain que l’homme :
Lors que plus il se flatte, et dans sa gloire rit,
Elle se passe, ains fuit, ne s’enfuit, ains périt. {e}
D’homme il se change en vers, de vers il devient cendre :
Ainsi voit-on hélas : sa gloire en rien descendre.
Moi, pauvre Adam, qui gis misérable en ce lieu,
Une oraison je quiers {f} pour mon dernier adieu :
J’ai péché, je l’avoue, hé ! pardon frères, père,
Pardon, Dieu, veuille-moi loger en ton repère.
É. Pasquier. »
- Poète et musicien français, chantre de Notre-Dame de Paris et religieux de l’abbaye Saint-Victor (v. note [2], lettre 877) au xiie s.
- V. note [16], lettre 151, pour Étienne Pasquier, mort en 1615.
- Paris, Jean Petit-Pas, 1619, in‑8o de 799 pages.
- J’ai mis en exergue les deux vers cités par L’Esprit de Guy Patin et leur traduction par Pasquier. En voici une version plus littérale :
« De quoi l’homme s’enorgueillit-il donc, lui qui a été conçu dans le péché [coulpe], qui est né dans la souffrance, qui a vécu dans le labeur, qui meurt par obligation ? »
- Pour dire : « elle [sa gloire] passe, alors il [l’homme] fuit ; elle ne fuit pas, alors il périt. »
- Demande.
Il serait bien audacieux d’attribuer à Guy Patin les commentaires qui précèdent et suivent ce distique misanthropique. |