À Charles Spon, le 1er mars 1650, note 71.
Note [71]

Tandis que les partisans des princes emprisonnés préparaient une nouvelle guerre civile dans les Ardennes, en Bourgogne et bientôt en Guyenne, il était vital pour Mazarin de se maintenir dans les bonnes grâces de la vieille Fronde parisienne et du duc d’Orléans, dont l’influence modératrice sur les différents partis du royaume n’était pas à négliger.

Journal de la Fronde (volume i, fo 177 ro et vo, février 1650) :

« Le 26, M. le cardinal visita M. le duc d’Orléans et Madame, {a} et les remercia de l’honneur qu’ils avaient fait à ses nièces de les souffrir dans leur palais. Cette visite fait croire qu’il n’y avait plus de froideur entre eux. Son Éminence sortant, rencontra le duc de Candale dans la cour de ce palais et s’entretint longtemps avec lui en particulier, comme firent peu après MM. de Beaufort et Broussel avec Son Altesse Royale. […]

Le même jour, {b} M. le cardinal fit quatre visites qui ont été fort remarquées : la première à M. de Beaufort, la deuxième à M. le coadjuteur, la troisième à Mme de Montbazon et la quatrième à Mme de Chevreuse, ce qui a donné belle matière de parler. La reine et Son Éminence parlèrent ces jours passés à Son Altesse Royale du rétablissement de M. l’abbé de La Rivière, mais elle jeta fort long cette proposition ; et ainsi, on se trouve bien empêché de faire consentir Sadite Altesse aux choses qu’on voudrait tirer d’elle. Elle est résolue de n’avoir plus de favori particulier et de faire tout elle-même. Pour cet effet, l’on a remarqué qu’elle se fit apporter ces jours passés l’état de sa Maison, qu’elle garde, et se fait rendre compte de toutes ses affaires jusqu’à disposer elle-même par ses mains de l’argent de ses menus plaisirs. Cet abbé est toujours dans sa maison de Petit-Bourg. »


  1. La duchesse, son épouse.

  2. 28 février.

Avec l’éviction de l’abbé de La Rivière (v. note [5], lettre 216), qu’il avait tenu par la promesse d’un chapeau de cardinal, Mazarin avait perdu un précieux agent d’influence et de renseignement auprès de Monsieur. Mlle de Montpensier, fille aînée de Monsieur, n’a pas caché son animosité et celle de Madame, sa belle-mère, contre La Rivière (Mémoires, première partie, volume 1, chapitre vii, pages 242‑243) :

« Un jour devant son départ, il m’envoya prier de parler en sa faveur ; je lui mandai qu’il n’avait pas assez bien vécu avec moi pour le faire ; que je me contenterais de ne pas insulter à un malheureux. Madame, qui ne l’aimait point, n’en usa pas de même, car elle le poussa vertement. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er mars 1650, note 71.

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(Consulté le 25/04/2024)

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