Une étrange rumeur bruissait alors dans la capitale (Olivier Le Fèvre d’Ormesson, Journal, tome i, pages 34‑38) :
« On donnait ordre à Paris {a} pour empêcher la sédition parce que le menu peuple murmurait sur la maladie du roi contre M. le cardinal de Richelieu, sur ce que l’on disait qu’il avait empoisonné le roi, et parlait-on de retirer son corps de Sorbonne et le traîner par les rues ; et l’on disait que l’on < y > avait ôté toute la magnificence, même retiré son corps. […]
L’on disait partout {b} que Mme d’Aiguillon {c} avait caché dans les Carmélites de la rue Chapon cinq millions de livres, qu’elle y avait envoyées dans des caisses d’orangers sur lesquelles il y avait un peu de terre ; et il est vrai que l’on a retiré de la Sorbonne le corps de M. le cardinal et tous les ornements ; l’ouvrage de l’église de la Sorbonne est cessé, et le pain que l’on distribuait aux religions {d} par l’ordre de M. le cardinal, sur ce que l’on avait porté à l’épargne l’argent qui était aux mains de M. de Mauroy.nbsp;{e} […]
M. Pichotel me dit que le corps de M. le cardinal avait été porté dans la Bastille et que Mme d’Aiguillon s’était retirée de Paris, {f} appréhendant que l’on entreprît contre sa personne, à cause d’une très grande haine conçue par le peuple contre la mémoire du cardinal, comme auteur de la maladie du roi ; outre qu’à Saint-Germain le marquis de Pont-de-Courlay {g} avait pensé être maltraité des lettres et des laquais, sans l’assistance de quelques gardes qui croisèrent leurs hallebardes pour empêcher l’entrée d’une porte où il venait d’entrer. Voilà le commencement de la persécution dont ils sont menacés. »
- Le 27 avril 1643.
- Le 2 mai.
- Nièce de Richelieu, v. note [62], lettre 101.
- Maisons religieuses.
- Séraphin de Mauroy, v. note [16], lettre 443.
- Faux bruit.
- Neveu de Richelieu, v. note [41], page 519.
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