À André Falconet, le 5 septembre 1651, note 8.
Note [8]

« au-dessus de toute louange et de tous titres d’honneur. »

L’un des amis et mécènes de Joseph Scaliger (1540-1609, v. note [5], lettre 34) a été Louis de Chasteigner de La Roche-Pozay (1535-1595), seigneur d’Abain (Ludovicus Castaneus Rupipozæus ou M. d’Abain, seigneurie poitevine dont le château se situe à Thurageau, dans l’actuel département de la Vienne), gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi Henri iii, diplomate et conseiller d’État, père de Henri-Louis, évêque de Poitiers (v. supra note [6]). Scaliger avait connu Louis vers 1560, en devenant son précepteur, et il a souvent séjourné auprès de lui entre 1575 et 1593. Scaliger a correspondu avec Louis et son fils Henri-Louis (v. supra note [6]), dont il fut aussi le précepteur.

Dans son Histoire généalogique de la Maison des Chasteigners… {a} (livre iii, chapitre vii, pages 305‑306), André Du Chesne parle en ces termes de l’éducation que reçut Louis : {b}

« Dès ses jeunes ans, il étudia en l’Université de Paris qui, pour lors, fleurissait sur toutes les Académies de l’Europe, et y fut auditeur de deux très savants personnages : l’un desquels fut Adrian de Tournebu, vulgairement dit Turnèbe ; {c} l’autre, Jean d’Aurat, poète et professeur du roi, {d} qui l’enseigna aussi quelque temps à la Roche-Pozay ; puis étant revenu à Paris où sa charge publique le rappelait, il {e} lui envoya Joseph de la Scale, insigne lumière de son siècle, que chacun a connu depuis sous le surnom de Scaliger. Par le moyen de ces grands hommes, il {f} ajouta à l’avantage de son extraction une connaissance non commune des langues grecques et latines, de la philosophie, de l’histoire, de la politique et des autres sciences libérales, qui le rendirent capable de servir dignement nos rois aux affaires plus importantes de leur État. »


  1. Paris, Sébastien Cramoisy, 1634, in‑4o en deux parties de 582 et 190 pages.

  2. Ce texte est précédé de son élégant portrait gavé.

  3. V. note [20], lettre 392.

  4. Daurat ou Dorat, v. note [30] du Borboniana 7 manuscrit.

  5. D’Aurat. Cela se passait vers 1560.

  6. Louis.

À l’appui de cela, Du Chesne cite dans ses Preuves du livre troisième (page 137) ce qu’a écrit Scévole i de Sainte-Marthe (v. note [9], lettre 48) sur Louis de La Roche-Pozay au livre iv (page 205) de ses Elogia (v. note [13], lettre 88) :

Rupiposæorum nomen in Gallia illustre semper fuit, vel eo maxime quod cum sanguinis vetustate non belli modo gloriam, sed et vitæ morumque castitatem constanter adæquerint. Atque hoc peculiare suæ gentis decus Ludovicus hic noster præclare sustinuit, vel potius ingenti laudis accessione cumulavit : postquam auctore Iosepho Scaligero nobilissimo viro et sui sæculi doctissimo ad illam Naturæ bonitatem literarum et sapientiæ lumen adiunxisset. Quo factum est ut foris domique præstans his dubiis Galliæ temporibus optimi ac fortissimi civis famam merito sit consecutus.

Ce que Guillaume Colletet {a} a traduit et fort enjolivé (livre ii, pages 231‑232) en :

« Le nom de La Roche-Pozay a toujours été fort célèbre en France : non seulement à cause de son ancienne noblesse et de la réputation qu’il s’est acquise dans les armes ; mais aussi à cause de l’innocente vie et des bonnes mœurs de ceux qui l’ont porté. De sorte que l’on peut dire d’eux qu’ils ne lui ont pas moins donné de gloire qu’ils en ont reçu de lui. Ce rare homme dont je parle {b} a dignement soutenu l’honneur des armes et des lettres, qui semblent être un don particulier de cette fleurissante famille. Voire même, il y a bien de l’apparence que les hautes et justes louanges que ses belles actions lui ont acquises l’aient encore de beaucoup relevée, principalement après que Joseph de l’Escale, {c} ce phénix des savants de son siècle, eut pris soin de cultiver l’esprit de ce nouvel héros, et de fortifier son beau naturel de la connaissance des sciences et des langues. Aussi, par ce moyen-là, pendant les derniers troubles de la France, il acquit à bon droit, tant dedans que dehors le royaume, le bruit d’avoir bien servi sa patrie, et d’avoir fait les fonctions d’un bon et d’un généreux citoyen. »


  1. Paris, 1644, v. note [13], lettre 88.

  2. Louis.

  3. Joseph Scaliger.

Parlant de « disciple de Scaliger », Guy Patin confondait donc sans doute l’évêque de Poitiers (qui venait de mourir) avec son père.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 5 septembre 1651, note 8.

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(Consulté le 29/03/2024)

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