À Charles Spon, le 8 mai 1657, note 8.
Note [8]

Jean Mestrezat (Genève 1592-Paris 1657) avait étudié à Saumur avant d’être nommé, dès l’âge de 22 ans, ministre à Charenton (v. note [18], lettre 146). Au nom du calvinisme, il avait soutenu maintes controverses publiques contre le jésuite Véron, le P. Regourd et contre l’abbé de Gondi, futur cardinal de Retz, qui en a parlé dans ses Mémoires (année 1642, pages 259‑260) :

« Je trouvai par hasard Mestrezat, fameux ministre de Charenton, chez Mme d’Harambure, huguenote, précieuse et savante. Elle me mit aux mains avec lui par curiosité. La dispute s’engagea, et au point qu’elle eut neuf conférences de suite en neuf jours différents. M. le maréchal de La Force et M. de Turenne se trouvèrent à trois ou quatre. […] J’avais eu quelque avantage sur lui dans la cinquième, où la question de la vocation fut traitée. Il m’embarrassa dans la sixième, où l’on parlait de l’autorité du pape, parce que, ne voulant pas me brouiller avec Rome, je lui répondais sur des principes qui ne sont pas si aisés à défendre que ceux de Sorbonne. Le ministre s’aperçut de ma peine, il m’épargna les endroits qui eussent pu m’obliger à m’expliquer d’une manière qui eût choqué le nonce. Je remarquai son procédé ; je l’en remerciai au sortir de la conférence, en présence de M. de Turenne, et il me répondit ces propres mots : “ Il n’est pas juste d’empêcher M. l’abbé de Retz d’être cardinal. ” Cette délicatesse n’est pas, comme vous voyez d’un pédant de Genève. »

Mestrezat jouit d’une grande considération parmi ses coreligionnaires. Il présida le synode réuni à Charenton en 1631, lequel se montra remarquable par sa modération et par sa sollicitude pour l’enseignement dans les académies. Mestrezat ne fut pas seulement un homme d’un beau caractère et un éminent prédicateur, il fut aussi un savant et un écrivain fécond (G.D.U. xixe s.). On a notamment de lui :

  • le Hibou des jésuites opposé à la Corneille de Charenton (1624, in‑8o

  • De la Communion à Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie (Sedan, 1624, in‑8o) ;

  • Sermons sur divers textes (Sedan, 1625, in‑12) ;

  • Lettres de consolation (Charenton, 1632, in‑8o) ;

  • Traité de l’Écriture Sainte contre le jésuite Regourd et le cardinal Duperron (Genève, 1633, in‑8o) ;

  • Traité de l’Église (Genève, 1649, in‑4o) ;

  • Exposition de l’Épître aux Romains en 33 sermons (Amsterdam, 1702, 2 volumes) ;

  • trois recueils de Sermons (1649, 1655 et 1658, in‑8o).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 8 mai 1657, note 8.

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(Consulté le 20/04/2024)

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