Flavius Josèphe (Guerre des Juifs, livre ii, chapitre viii, § 5), à propos de la secte judaïque des Esséniens (v. note [19], lettre 229) :
« Avant le lever du soleil, ils ne prononcent pas un mot profane : ils adressent à cet astre des prières traditionnelles, comme s’ils le suppliaient de paraître. Ensuite, leurs préposés envoient chacun exercer le métier qu’il connaît et, jusqu’à la cinquième heure, ils travaillent de toutes leurs forces ; puis ils se réunissent de nouveau dans un même lieu, ceignent leurs reins d’une bande de lin et se lavent tout le corps d’eau froide. Après cette purification, ils s’assemblent dans une salle particulière où nul profane ne doit pénétrer ; eux-mêmes n’entrent dans ce réfectoire que purs, comme dans une enceinte sacrée. Ils prennent place sans tumulte, puis le boulanger sert à chaque convive un pain, le cuisinier place devant lui un plat contenant un seul mets. Le prêtre prononce une prière avant le repas et nul n’y peut goûter que la prière ne soit dite. Après le repas, il prie derechef ; tous, au commencement et à la fin, rendent grâce a Dieu, dispensateur de la nourriture qui fait vivre. Ensuite, dépouillant leurs vêtements de repas comme des robes sacrées, ils retournent à leurs travaux jusqu’au soir. Alors, revenus au logis commun, ils soupent de la même manière, cette fois avec leurs hôtes s’il s’en trouve de passage chez eux. Ni cri, ni tumulte ne souille la maison : chacun reçoit la parole à son tour. Pour les gens qui passent, ce silence à l’intérieur du logis apparaît comme la célébration d’un mystère redoutable ; mais la cause en est simplement dans leur invariable sobriété, dans leur habitude de mesurer à chacun la nourriture et la boisson nécessaires pour le rassasier, sans plus. »
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