Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 87.
Note [87]

Athénée de Naucratis (v. note [17], lettre de Charles Spon, datée du 6 avril 1657) a donné une savante leçon sur le vocabulaire des anciens Grecs à table dans le livre i de ses Déipnosophistes (chapitres ix‑ x) :

« Homère nous apprend les différents repas que faisaient ses héros. Le premier était l’acratisme {a} ou déjeuner, qu’il appelle ariste. {b} Il en fait une fois mention dans L’Odyssée, “ Ulysse et le divin Porcher {c} ayant allumé du feu et préparé l’ariste ” ; et une fois dans L’Iliade, “ Ils se mirent promptement à préparer l’ariste. ” Or, on voit dans ces vers qu’il parle d’un repas qu’on faisait du matin et que nous appelons acratisme parce que ce ne sont que quelques morceaux de pain qu’on prend trempés dans de l’acrate {d} ou vin pur. C’est ce que désigne Antiphane : “ Pendant que le cuisinier préparera le dîner ” ; puis il ajoute : “ Tu peux faire l’acratisme avec moi. ” Cantharus a dit acratisometha dans le même sens : “ A. Est-ce que nous ne déjeunerons {e} pas ici ? B. Non, car nous devons dîner à l’isthme. ” Aristomène a dit acratioumai : {f} “ Je vais prendre un petit déjeuner et je reviens après avoir mangé deux ou trois bouchées de pain. ” Philémon dit que les anciens faisaient quatre repas : l’acratisme, ou le déjeuner ; l’ariste, ou le dîner ; l’espérisme, {g} ou le goûter ; et le déipné, {h} ou le souper. Ils appelaient aussi l’acratisme, dianestisme, {i} l’ariste, dorpiste, {j} et le déipné, épidorpide. {k} Voici comme Eschyle rapporte l’ordre des repas : “ J’ai, dit Talamède, assigné le rang aux taxiarques, aux stratarques et aux hécatontarques ; {l} quant à la nourriture, j’ai réglé qu’on ferait trois repas, l’ariste, le déipné et le dorpe. ” {m} Homère fait mention d’un quatrième repas en ces termes : “ Mais toi, viens après avoir goûté ; déiéliêsas. ” {n} Ce repas, qu’on faisait entre le dîner et le souper, s’appelle, selon quelques-uns, déilinon. {o} On voit, par le passage d’Eschyle, que l’ariste se prenait du matin, le déipné à midi, et le dorpé au soir ; mais on pourrait présumer que les mots ariste, ou déjeuner, et déipné ont été synonymes, car Homère dit, en parlant d’un repas du matin : “ Ils prirent donc le déipné, et s’armèrent après. ” Or, on sait que ces guerriers prenaient de la nourriture dès que le soleil était levé et qu’ils marchaient aussitôt au combat. »


  1. ακρατισμος.

  2. αριστος (le meilleur).

  3. Eumée, porcher d’Ulysse.

  4. ακρατος.

  5. ακρατισομεθ’.

  6. ακρατιουμαι.

  7. εσπερισμα.

  8. δειπνον.

  9. διανηστισμον.

  10. δορπηστον.

  11. επιδορπιδα.

  12. Noms que les Grecs donnaient aux officiers supérieurs et généraux de leurs armées. V. note [11] du Faux Patiniana II‑7 pour Eschyle.

  13. δορπα.

  14. δειελιησας.

  15. δειλινον.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 87.

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(Consulté le 16/04/2024)

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