À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 88.
Note [88]

Le coadjuteur s’est arrogé le mérite de cet « expédient qui [ne lui] vint dans l’esprit qu’un quart d’heure avant que l’on eût pris séance ».

Retz, (Mémoires, page 420) :

« Ma première vue, quand je connus que le Parlement se disposait à donner entrée au héraut, fut de faire prendre les armes à toutes les troupes, de le faire passer dans les files en grande cérémonie et de l’environner tellement, sous prétexte d’honneur, qu’il ne fût presque point vu et nullement entendu du peuple. La seconde fut meilleure et remédia beaucoup mieux à tout. Je proposai à Broussel, qui, comme des plus anciens de la Grand’Chambre, opinait des premiers, de dire qu’il ne concevait pas l’embarras où l’on témoignait être dans ce rencontre ; qu’il n’y avait qu’un parti, qui était de refuser toute audience et même toute entrée au héraut, sur ce que ces sortes de gens n’étaient jamais envoyés qu’à des ennemis ou à des égaux ; que cet envoi n’était qu’un artifice très grossier du cardinal Mazarin, qui s’imaginait qu’il aveuglerait assez et le Parlement et la ville pour les obliger à faire le pas du monde le plus irrespectueux et le plus criminel, sous prétexte d’obéissance. Le bonhomme Broussel, qui demeura persuadé de la force de ce raisonnement, quoiqu’il n’eût assurément qu’une apparence très légère, le poussa jusqu’aux larmes. Toute la Compagnie s’émut. L’on comprit tout d’un coup que cette réponse était la naturelle. Le président de Mesmes, qui voulut alléguer des exemples de vingt-cinq ou trente hérauts envoyés par des rois à leurs sujets, fut repoussé et sifflé comme s’il eût dit la chose du monde la plus extravagante ; l’on ne voulut presque pas écouter ceux qui opinèrent au contraire et il passa à {a} refuser l’entrée de la ville au héraut et de charger Messieurs les Gens du roi d’aller à Saint-Germain rendre raison à la reine de ce refus. M. le prince de Conti et l’Hôtel de Ville se servirent du même prétexte pour ne pas entendre le héraut et pour ne pas recevoir les paquets qu’il laissa le lendemain sur la barrière de la porte Saint-Honoré. »


  1. On décida de.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 88.

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(Consulté le 24/04/2024)

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