À Claude II Belin, le 3 janvier 1638, note 9.
Note [9]

Arnaud d’Ossat (Laroque-sur-l’Osse près d’Auch 1536-Rome 1604) a donné l’exemple d’une extraordinaire ascension sociale. Fils d’un forgeron, orphelin à neuf ans et sans aucune ressource, il entra pour vivre au service d’un gentilhomme, Thomas de Marca, qui l’attacha comme domestique à un de ses neveux, Jean de Marca, seigneur de Castelnau de Magnoac. D’Ossat profita tant des leçons données devant lui à son jeune maître qu’il fut bientôt en état de lui servir de précepteur. Peu après, il entra dans les ordres en se faisant tonsurer (1556) et fut chargé d’accompagner Jean de Marca à Paris pour y surveiller son éducation. En 1562, Marca étant retourné en Gascogne, d’Ossat resta à Paris, et suivit les cours d’éloquence et de philosophie de Ramus (Pierre de La Ramée, v. note [51], lettre 97) au Collège de France. Il devint son ami et n’hésita pas à prendre sa défense dans un libelle intitulé :

Expositio Arnaldi Ossati in disputationem Iacobi Carpentarii de Methodo.

[Explication d’Arnaud d’Ossat sur la Disputation de Jacques Charpentier {a} au sujet de la Méthode]. {b}


  1. Disputatio de Methodo quod unica non sit. Contra Thessalum Academiæ Parisiensis, Methodicum. Auctore Iacobo Carpentario, Claramontano, Bellovaco. Selecta ex eiusdem Commentariis in Alcinoi Institutionem ad doctrinam Platonis.

    [Disputation sur le fait que la Méthode ne soit pas unique. Contre le Thessalus Methodicus de l’Université de Paris. {i} Par Jacques Charpentier, natif de Clermont-en-Beauvaisis. Tirée de ses commentaires sur l’Institution d’Alcinoüs {ii} contre la doctrine de Platon]. {iii}

    1. V. notule {b}, note [74], lettre latine 351 pour Thessalos de Tralles, médecin du ier s. de notre ère, qui avait osé pourfendre les dogmes d’Hippocrate. L’évocation de son nom fustigeait ici Ramus.

    2. V. note [51], lettre 97, pour le philosophe et médecin Jacques Charpentier, et son commentaire d’Alcinoüs (Paris, 1573) défendant la philosophie d’Aristote contre celle de Platon.

    3. Paris, Ægidius Gorbinus, 1564, in‑4o de 37 pages.

  2. Paris, André Wechel, 1564, in‑8o de 39 pages.

Son talent valut à d’Ossat d’être nommé professeur de rhétorique, puis de philosophie ; mais peu après il quitta Paris pour se rendre à Bourges, où il étudia le droit sous Jacques i Cujas dans l’intention de devenir avocat. De retour à Paris, il se fit remarquer de Paul de Foix (v. note [31] du Borboniana 3 manuscrit), conseiller au Parlement, qui, nommé ambassadeur à Rome en 1574, offrit à d’Ossat de l’accompagner en qualité de secrétaire. Il entama là une longue carrière diplomatique au service des rois de France, Henri iii puis Henri iv. En récompense de tous ses services, d’Ossat reçut les évêchés de Rennes (1596) puis de Bayeux (1600) et le titre de conseiller d’État, sans cesser de coopérer à toutes les affaires diplomatiques qui se traitaient en Italie. À la demande de Henri iv, le pape Clément viii lui donna le chapeau de cardinal en 1599 (G.D.U. xixe s.).

D’Ossat a laissé un recueil de Lettres au roi Henri le Grand et à M. de Villeroy de 1594 à 1604 (Paris, 1624, v. notre Bibliographie), plusieurs fois rééditées et citées par Guy Patin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 3 janvier 1638, note 9.

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(Consulté le 25/04/2024)

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