À Claude II Belin, le 10 mai 1646, note 9.
Note [9]

Claude de Bourdeilles, comte de Montrésor (vers 1608-1663), avait été attaché fort jeune à Gaston d’Orléans, le frère cadet de Louis xiii. Il avait su à partir de 1635 s’emparer à tel point de sa confiance que Monsieur ne fit plus rien sans le consulter. Montrésor écarta de Gaston toutes les personnes suspectes d’attachement au cardinal de Richelieu, facilita plusieurs entrevues entre son maître et le comte de Soissons, et fut le véritable chef du complot tramé par eux pour renverser le tout-puissant ministre. Le complot ayant été découvert, Gaston s’était hâté de faire la paix avec le cardinal, sans songer à rien stipuler en faveur de son favori qui alla passer six ans dans ses terres pour éloigner de lui tout soupçon d’intrigue. Cependant, à l’occasion de voyages secrets qu’il faisait à Blois, il revoyait Gaston d’Orléans et fut amené à prendre part à la conspiration nouvelle formée par le duc de Bouillon, Gaston et Cinq-Mars. Ce nouveau complot ayant aussi avorté, Montrésor avait eu la douleur de se voir abandonné une seconde fois par le frère du roi, qui eut la lâcheté de déclarer que son favori l’entraînait sans cesse dans de nouvelles intrigues.

Pour échapper à la colère du cardinal, Montrésor s’était enfui en Angleterre et y était resté jusqu’à la mort du ministre. Il était alors revenu en France, mais trouvait l’abbé de La Rivière devenu le favori de Gaston et vendait sa charge de grand veneur. Montrésor se trouvant sans emploi se rendit en Hollande pour y prendre du service. Sur ces entrefaites, la duchesse de Chevreuse, alors exilée en Angleterre (v. note [37], lettre 86), lui écrivit de se rendre à Paris, d’y prendre ses pierreries qu’elle y avait laissées et de les lui envoyer. Dénoncé à Mazarin par l’abbé de La Rivière pour cette correspondance insignifiante, il fut arrêté et jeté à la Bastille pour 14 mois. Mazarin ayant voulu l’attirer à son parti et l’amener à trahir ses amis, Montrésor, plein de mépris pour le cardinal, entra dans le parti de la Fronde avec Retz et Beaufort. Après avoir joué un rôle des plus actifs pendant les troubles, il se réconcilia avec la cour et passa les dernières années de sa vie dans la retraite, tout entier à son amour pour Mlle de Guise, dont il avait eu trois enfants naturels (G.D.U. xixe s.).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 10 mai 1646, note 9.

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(Consulté le 25/04/2024)

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