Gueux, gueuserie
Un gueux est une personne qui demande l’aumône. La gueuserie est la mendicité. On a fait un Hôpital général pour y enfermer tous les gueux mendiants, les gueux de profession. Gueux se dit aussi hyperboliquement de ceux qui n’ont pas assez de biens de fortune pour soutenir leur naissance et leur qualité, et aussi de tout ce qui marque quelque indigence : un prince souverain qui n’a que 100 000 livres de rente est un gueux ; tout le bien de ce marquis est saisi, il vit en gueux, son train est fort gueux ; dans toute cette province les fermiers sont gueux, ne payent point leurs maîtres. On dit proverbialement qu’un homme est gueux comme un rat d’église, gueux comme un peintre, pour dire qu’il est fort pauvre, mais ce proverbe est devenu faux en ces derniers jours où la peinture a été cultivée et anoblie ; que c’est un gueux revêtu quand de pauvre qu’il était, il est devenu riche. On appelle aussi un gueux fieffé, un gueux qui s’attache à quelque endroit certain, à quelque coin d’église pour y attendre l’aumône ; et gueux de l’ostière, celui qui va par les rues, et qui geuse de porte en porte, qui vadit ad ostia (Furetière).