Privilège
Monopole, droit qu’on obtient de faire, ou de vendre quelque chose à l’exclusion de tous autres. Les privilèges sont fondés en bonne raison dans leur concession, mais dans la suite on en abuse. Les privilèges du roi pour l’impression des livres sont accordés afin que l’auteur en tire quelque récompense pour son travail ; mais dans les faits, il n’est qu’à l’avantage du libraire. Il est défendu aux libraires par les articles 33 et 77 de leurs statuts d’obtenir aucune prolongation de privilège pour la réimpression de leurs livres s’il n’y a du moins augmentation du tiers (Furetière). C’était l’équivalent de ce qu’on nomme aujourd’hui le copyright. Souvent signalé sur la page de titre (« Avec privilège du roi »), le privilège était reproduit en extrait au début ou à la fin du livre, généralement conclu par la date de l’« Achevé d’imprimer ».

À titre d’illustration, voici celui qui figure à la fin du Traité de la conservation de santé par un bon régime et légitime usage des choses requises pour bien et sainement vivre, de Guy Patin (Paris, Jean Jost, 1632) :

« Par grâce et privilège du roi, il est permis à Jean Jost, marchand libraire à Paris, d’imprimer ou faire imprimer un livre intitulé Petit traité de la conservation de la santé […] ; et défenses sont faites à tous libraires, imprimeurs et autres, de quelques qualité et condition qu’ils soient, d’imprimer ou faire imprimer, vendre ni débiter ledit livre, si ce n’est du consentement dudit Jost, et ce durant le temps et espace de dix ans, comme plus amplement est déclaré en l’original des lettres données à Paris le 20 janvier, l’an de grâce 1631. Par le roi en son Conseil, Le Long. »