Filou, filouterie, filouter
« Ce mot, originairement et proprement, signifie un petit corps d’ivoire large de quatre doigts, de figure prismatique, qui a six pans ou cannelures, dont on a fait un jeu en le roulant sur une table unie, où l’on ne gagne que quand il s’arrête sur une autre cannelure que celle qui est marquée de noir. Mais comme à ce jeu le maître peut facilement tromper, soit en chargeant de plomb quelqu’un des endroits de ce petit corps, soit en inclinant un peu le plan sur lequel on le pousse, on a appelé filous, tous ceux qui se servent de quelque tromperie pour gagner au jeu.
Se dit par extension de tous ceux qui se servent de mauvaises voies pour s’emparer du bien d’autrui : comme de ceux qui, sous prétexte de belles espérances, trompent les gens imprudents et de bonne foi, en les engageant dans des affaires dont ils tirent tout le profit par devers eux.
Se dit aussi d’un tireur de laine, de celui qui vole par adresse ou par surprise : il est difficile de purger une grande ville de filous et de coupeurs de bourses. Ce mot vient du grec philitis ou phêlêtês, qui signifie larron, pipeur (Ménage). Du Cange croit qu’il pourrait venir du latin fillones, qui s’est dit pour nebulones, fripons » (Furetière).

La filouterie est un tour de filou ; filouter, c’est en commettre un.