L. 9.  >
À Claude II Belin,
le 12 janvier 1632

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 janvier 1632

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0009

(Consulté le 28/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Après vous avoir premièrement supplié de m’excuser si j’ai été si longtemps sans vous écrire, je vous dirai que la présente sera pour satisfaire finalement par écrit au catalogue que m’avez par ci-devant envoyé. [1] Pour le 16e tome du Mercure français[2][2] je vous l’enverrai quand vous voudrez, il coûte environ 40 sols. Toutes les œuvres d’Argentier [3] se trouvent in‑fo, en gros volume, dans lequel il y a plusieurs pièces qui ne se trouvent en nulle autre façon ; [3] quand il se trouve (car il est un peu rare) il se vend 8 francs. Enarrationes Valleriolæ [4] ne sont point si rares, [4] elles sont de 32 sols. Scaligeri patris multa sunt alia præter librum de Subtilitate : nimirum Commentarii in libello Hippocratis de insomniis ; in Aristotelem de historia animalium, in‑fo ; in libros de plantis tributos Aristoteli, in‑4o ; eiusdem epistolarum liber ; de causis linguæ Latinæ libri xiii, in‑8o ; Poemata omnia, in‑8o, qui est un volume plus gros que des épithètes ; Poetices libri vii, in‑8o, qui est un fort bon livre ; Animadversiones in Theophrastum, in‑fo, qui est le plus rare ; Oratio funebris in obitu filioli Andecti, in‑8o ; quæ quidem omnia esse censeo Scaligieri patris opera, non adeo repertu difficilia[5][5] Mandez-moi lesquelles vous en désirez, je les chercherai et marchanderai comme pour moi. Le Lacuna [6] est ici fort rare en petit volume, mais il se trouve plus souvent en grand, fort beau ; [6] il peut valoir bien relié environ sept livres ou un peu moins. Pour le Gesnerus [7] des plus beaux et meilleurs (qui est dorénavant fort rare), l’histoire de quadrupedibus, avibus, piscibus, serpentibus et autres, se trouve en trois grands volumes in‑fo avec une infinie quantité de figures. [7] Je sais un homme qui en a un bien relié et tout neuf, mais on ne le peut avoir de lui à moins de 32 livres, lui en ayant déjà par plusieurs fois offert 30 pour un mien ami de Tours. [8][8] Le mien me revient à plus de 35 et s’il n’est pas si beau, un libraire le vendrait 40 livres comme il est. Ce sont de grands volumes où la quantité des figures et leur beauté son admirables, dans lesquels toute l’histoire naturelle est comprise. Des œuvres de Paracelse, [9] il s’en voit peu ici de tomes séparés, et néanmoins fort chers. Toutes les œuvres de Sylvius [10] en un volume in‑fo bien reliées vaudront sept livres pour le moins. [9] Erotiani Onomasticon n’est pas tant rare, mais je n’en sais pas le prix. [10][11] Les œuvres de Ulysses Aldrovandus, [12] impression de Bologne, [11][13] sont bien chères et bien rares ; elles ont été contrefaites à Francfort, [12][14][15][16] encore n’en voit-on quasi point ici. C’était un grand personnage qui a fort obligé le public, ayant dépensé 100 000 écus pour l’édition de ses œuvres ; et néanmoins, étant devenu vieil et pauvre après tant de dépenses, est mort misérable et presque de faim, nihilque aliud, pro fama (quam ex ingrata patria et posteritate vir dignissimus herculeis pene laboribus aucupabatur), nisi famem miser retulit[13] Columna [17] de plantis est bien cher et bien rare ; j’en ai vu quelquefois, mais je ne l’ai point acheté, pretii gravitate deterritus[14] Je pense avoir céans tous les autres herbiers. Piso, [18] de morbis a serosa colluvie, est un livre in‑4o assez bon et curieux, il peut être de 40 sols. Il est fils de celui [19] qui a écrit de Morbis curandis, etc., de sorte qu’on peut dire de lui : docti patris docta proles[15][20] Il fait encore imprimer un autre livre de médecine que nous aurons bientôt. Il est fort honnête homme, j’ai reçu quelquefois de ses lettres. Je vous envoie une petite satire qui est ici de nouveau, où sont contenues quelques énigmes, desquelles l’explication serait longue à déduire ici. Le roi [21] est toujours et sera, dit-on, encore longtemps à Metz. [16][22] Je vous prie de me permettre que madame votre femme et M. Dacier trouvent ici mes très humbles mains. Si vous m’excusez de ce que j’ai été si longtemps à vous écrire, vous m’obligerez de demeurer à jamais, Monsieur, votre très humble et affectionné serviteur.

Patin.

Ce 12e de janvier 1632.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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