L. 85.  >
À Claude II Belin,
le 19 juin 1643

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 19 juin 1643

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0085

(Consulté le 29/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

J’ai été tout étonné quand j’ai appris par votre dernière que Mme [Langlois] [1][2] était encore en cette ville, vu que je lui avais dit adieu et que je l’avais quittée toute prête à partir, comme elle disait ; et le tout avec très bonne intelligence entre nous deux, qui n’était pas peu de chose. Du depuis, j’eusse été la revoir, ayant su par vous qu’elle était encore ici ; mais ayant appris de l’apothicaire qu’elle se plaignait de moi, disant que je l’avais abandonnée, alors que je pensais être fort bien avec elle, je crus qu’il valait mieux ne bouger en attendant qu’elle me fît savoir de ses nouvelles. Sur cela, j’ai aujourd’hui été tout étonné quand j’ai vu entrer dans mon étude la fille de son hôtesse, laquelle m’est venue remercier de sa part en disant qu’elle partait demain pour Troyes, [3] avec une pistole qu’elle m’envoyait ; et que quand elle serait à Troyes, qu’elle me donnerait une plus ample satisfaction. Je lui ai renvoyé sa pistole et lui ai mandé que j’étais fort content de sa bonne grâce et que je ne l’avais jamais visitée en attendant aucune récompense d’elle ; que vous étiez trop mon ami pour prendre de son argent. Et voilà comment tout s’est passé. Je ne sais pas à quel jeu j’ai perdu ses bonnes grâces, mais je vous assure qu’il n’y a pas de ma faute. C’est une femme qui a beaucoup d’esprit, mais elle est trop colère. Et voilà tout ce que j’en sais. Je souhaite fort que par ci-après, elle et son mari se remettent en fort bon ménage.

Le catalogue de M. de Cordes [4][5] se vend ici, c’est un in‑4o assez gros que l’on vend 45 sols[2] C’est un livre qui ne vous est guère nécessaire en tant qu’il y a fort peu de livres de médecine, et c’est la sorte dont il y en a le moins ; mais il y en a beaucoup de théologie, et encore tout autrement d’histoire car le nombre de ceux-ci semble presque infini. Le président de Gramond [6] est fort malcontent du débit de son livre, duquel personne n’achète. Le livre de M. d’Auteuil [7] ne va guère mieux. Je ne sais pas si le second viendra, mais j’ai appris que si le cardinal de Richelieu [8] eût vécu, qu’il y eût eu quatre tomes à cet ouvrage, et que ce cardinal eût commencé et fini ce quatrième ; mais ce n’en est plus le temps, il est passé, il est en plomb, Dieu merci. [3] On dit que M. le duc d’Enghien [9] assiège Thionville. [4][10][11] Les députés pour la paix [12] partiront d’ici le mois qui vient, [5] savoir MM. de Longueville, [13] d’Avaux [14] et d’Émery. [15] On n’a point dit ici aucune autre défaite [6] que celle de Rocroi. [16] La reine [17] a envoyé Mesdames de Brassac [18] et Lansac ; [7][19][20] et du depuis, MM. Bouthillier père [21] et fils. [8][22] On a mandé à M. de La Meilleraye, [23] qui est en Bretagne, qu’il ait à venir. Tout le parti du cardinal a bien la puce à l’oreille. [9] Je vous baise les mains, à Mme Belin, à Messieurs vos frères, MM. Camusat et Allen, et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce vendredi 19e de juin 1643.

Il y a cinq semaines que le chancelier [24] branle et ne tombe pas. M. de Bassompierre [25] dit que sa femme [26] est bien heureuse d’avoir un mari qui branle si longtemps. [10] On dit qu’il est un peu confirmé depuis deux jours, mais que ce n’est pas pour longtemps. Je crois que s’il ne tenait qu’à de l’argent, qu’il en donnerait beaucoup pour être conservé car il en a bien mis dans ses bottes durant la tyrannie du cardinal, mais je pense que ce mauvais temps est tout passé.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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