L. latine 456.  >
À Jan van Horne,
le 9 octobre 1668

Codes couleur
Citer cette lettre
Imprimer cette lettre
Imprimer cette lettre avec ses notes

×
  [1] [2] Appel de note
  [a] [b] Sources de la lettre
  [1] [2] Entrée d'index
  Gouverneur Entrée de glossaire
×
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Horne, le 9 octobre 1668

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1488

(Consulté le 19/04/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 224 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Jan van Horne, docteur en médecine et professeur à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Je reconnais vous devoir une réponse pour plusieurs raisons : et pour vos deux lettres, et pour ce paquet de thèses médicales [2] que m’a remis votre Robert Millar, savant philiatre britannique écossais ; [1][3] je vous en remercie particulièrement et même plus. Il y a peu, par M. Rompf, [4] médecin et secrétaire de votre ambassadeur, M. Boreel, [5] je vous ai envoyé un livre du très distingué Caspar Hofmann, intitulé Apologia pro Galeno, etc.[6] publié par mes soins ; [2][7] je souhaite que vous le teniez pour agréable. Je me rappelle avoir lu en 1623 dans les écrits de Jan van Heurne [8] quelque chose sur cette remarquable hémorragie de Guillaume d’Orange qui fut soignée avec succès ; [9] et comme je pensais, cela se trouve bien dans son commentaire in Aphorismos Hippocratis que je lisais alors. [3][10] Il n’y a rien de surprenant à trouver des calculs dans la vésicule biliaire après la mort, [11] ils viennent d’une solidification de l’excrément bilieux ; et j’ai très souvent observé cela en disséquant des personnes qui avaient péri de jaunisse [12] par obstruction des canaux cholédoques. [13] Marguerite de Valois, [14] sœur de Henri iii [15] et première épouse de notre grand roi très-chrétien Henri de Bourbon, [16] en fournit un remarquable exemple : [4][17] elle mourut ici d’ictère chronique en 1615, et après son décès, on lui trouva quinze calculs de bonne taille dans la vésicule biliaire ; [18] c’est ce que m’a conté un témoin oculaire, le très savant Denis Guérin, docteur en médecine de Paris ; [19] mais cela s’observe rarement chez les personnes en vie. [5] À propos de cette même reine, se lit une épigramme dans l’Euphormion de Barclay, qui commence par ces mots, O patria, o arces, et finit par Induco tumulis suprema Valesia nomen[6][20] Ce qu’on raconte de la transfusion de sang confine à la fable, [21] tanquam somnium ex porta eburnea[7][22] et je range aisément notre collègue Claude Tardy [23] parmi ces rêveurs, il extravague sans retenue dans ces nouveautés qu’il embrasse avec excessive légèreté, pour tromper le monde et gagner de l’argent ; c’est un vieillard presque dément, [24] [Ms BIU Santé no 2007, fo 225 ro | LAT | IMG] qui n’est pas loin d’être sexagénaire. Pour le Journal des Sçavans[25] on n’y prête ici guère d’attention, tant pour ses affirmations que pour les duperies de ses auteurs, qui mentent toutes les fois que se présente quelque espérance de s’enrichir. [8] Pour André Vésale [26] voyez l’Anthropographia de Riolan in‑fo, publiée à Paris en 1649 ; [27] si vous ne l’avez pas, je suis disposé à vous l’envoyer. Voyez, dis-je, le chapitre xi du livre i, page 43 de l’édition que j’ai, où vous trouverez ce qu’il a dit de Vésale. Si vous voulez en savoir plus là-dessus, lisez : Melchior Adam dans ses Vitæ Germanorum medicorum ; [28] Thevet en ses Hommes illustres, page 570 b ; [9][29] Jacques Cahaignes dans sa Methodus curandorum capitis affectuum, page 59 ; [10][30] dans les Illustrium et clarorum virorum epistolæ selectiores, etc. publiées à Leyde, in‑8o, 1617, page 373, cette lettre de Johannes Metellus à Georgius Cassander. [11][31][32] Le très érudit M. Drelincourt [33] a été appelé dans votre Université ; fin connaisseur du grec et du latin, il est très appliqué à la doctrine d’Hippocrate. [34] Je vous rembourserai de bon cœur et scrupuleusement toutes les dépenses que vous ferez et tout l’argent qu’il vous faudra pour m’acheter des thèses académiques. [35] Si des étudiants de Leyde viennent à Paris, confiez-leur de vos lettres, je vous prie, afin que je sache comment vont vos affaires. Vale, très distingué Monsieur, et aimez-moi.

De Paris, ce 9e d’octobre 1668.

Vôtre et sien, [12] Guy Patin, médecin et professeur royal.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
Licence Creative Commons "Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron." est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.
Une réalisation
de la BIU Santé