À Charles Spon, le 10 janvier 1648, note 3.
Note [3]

Jean Duret (Paris 1563-ibid. 1629), fils de Louis (v. note [10], lettre 11) et frère de Charles i, sieur de Chevry (v. note [12], lettre 33), fut reçu docteur de la Faculté de médecine de Paris en 1584 ; il remplaça son père au Collège de France en 1586. Il avait embrassé avec ardeur le parti de la Ligue, disant en parlant du roi de Navarre qu’il fallait lui faire avaler des pilules césariennes, c’est-à-dire l’assassiner comme le fut César. Henri iv ne lui pardonna jamais ce propos et défendit qu’il lui fût accordé aucune charge à la cour ; mais à peine le roi avait-il expiré que la régente, Marie de Médicis, envoya chercher le médecin banni.

Jean Duret a revu et terminé les Hippocratis magni Coacæ Prænotiones [Les Prénotions coaques du grand Hippocrate] de son père, dans leur réédition de 1588 (v. supra note [2]) (Triaire). On trouve dans les Comment. F.M.P. (tome xii, fo 210 ro) cette annotation ajoutée par Guy Patin :

Die ultima Augusti, aeræ Christianæ 1629, obiit Parisiis anno ætatis 66, vir clarissimus et plane incomparabilis, Doctor Medicus Parisiensis, Magister Ioannes Duretus, summi viri, et accurati hippocraticorum oraculorum interpretis, Lud. Dureti dignissimus ac eruditissimus Filius. Quiescat in pace vir optimus.

[En l’an de grâce 1629, le dernier jour d’août, mourut à Paris, âgé de 66 ans, le très brillant et vraiment incomparable Maître Jean Duret, très digne et érudit fils de l’éminent Louis Duret, qui fut l’interprète des oracles hippocratiques. Puisse cet homme de bien reposer en paix].

Avec son frère Charles, le président de Chevry, Jean Duret eut droit à l’hommage d’une historiette de Tallemant des Réaux (tome i, pages 173‑174) :

« le médecin Duret, qui a fait bâtir la maison du président Le Bailleul, près l’hôtel de Guise, était un maître visionnaire, en un mot un digne frère du président de Chevry. Il disait que l’air de Paris était malsain et fit nourrir son fils unique dans une loge de verre, où il ne laissa pas de mourir, peut-être pour y faire {a} trop de façons. Il ne prenait à dîner que des pressis de viande et autres choses semblables parce, disait-il, que l’agitation du carrosse troublait la digestion ; mais il soupait fort bien. Il se mit dans la fantaisie que le feu lui était contraire et n’en voulait point voir. Il savait pourtant son métier et s’y fit riche. Les apothicaires le faisaient passer pour fou parce qu’il s’avisa que le jeûne était admirable aux malades et que bien souvent, il ne leur ordonnait que de l’eau et une pomme cuite. »


  1. Parce qu’il y faisait.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 janvier 1648, note 3.

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(Consulté le 18/04/2024)

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