Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 67.
Note [67]

L’article Calvinisme du Moréri convient que son titre est en partie anachronique, car son début se réfère aux premiers temps de la Réforme en France, avec la diffusion rapide, principalement au sein des universités et de la cour royale, des dogmes nouveaux de Martin Luther et d’Ulrich Zwingli, dont l’établissement a précédé d’au moins six ans ceux de Jean Calvin.

L’Esprit de Guy Patin (mais non le Moréri) mentionne le libelle anonyme, composé de quatre articles, qui avait mis le feu aux poudres : intitulé Articles véritables sur les horribles, grands et importables {a} abus de la messe papale, inventée directement contre la Sainte Cène de notre Seigneur, seul médiateur et seul Sauveur, Jésus-Christ, il avait été placardé en divers lieux du royaume au mois d’octobre 1534. Cette éclatante affaire mit fin aux espérances que nourrissait François ier de réconcilier les religions par l’entremise de Melanchthon, {b} que refusèrent catégoriquement les prélats catholiques de la cour. Aux six luthériens qui « furent brûlés à petit feu » (c’est-à-dire enfumés et rôtis le plus longuement possible), le Moréri ajoute ces précisions de grande conséquence historique :

« Depuis ce temps-là, le roi ne voulut plus souffrir qu’on lui parlât des hérétiques que pour les faire rigoureusement punir par le feu, comme on fit par toute la France. Il sut même ramener, par ses puissantes remontrances, la reine de Navarre, sa sœur, qui protesta n’avoir jamais prétendu renoncer à la foi catholique, non plus que le roi son mari. {c} Les docteurs de l’hérésie prirent presque tous la fuite et se retirèrent, les uns en Allemagne, les autres en Suisse ; et la plupart à Genève, où ceux du canton de Berne avaient introduit les erreurs de Zwingli, et où la religion romaine fut entièrement abolie en 1535. Calvin s’y retira en 1536 et fut fort bien reçu par Guillaume Farel, {d} qui partagea avec lui les emplois de ministère, et qui le fit professeur en théologie. Peu après, ils furent tous deux chassés de la ville comme des séditieux, l’an 1538. Farel se retira à Neuchâtel, et Calvin à Strasbourg, d’où quelque temps après il fut rappelé à Genève. » {e}


  1. Insupportables.

  2. V. note [12], lettre 72.

  3. Henri ii, roi de Navarre, et son épouse Marguerite de Valois-Angoulême (v. note [49] du Borboniana 10 manuscrit) se convertirent néanmoins par la suite.

  4. V. notule {c}, note [3] du Patiniana I‑4.

  5. V. notule {c}, note [3], lettre 475, pour l’épître à François ier (Bâle, août 1535) que Jean Calvin mit en tête de son Institution, en conséquence directe de ces événements.

La procession expiatoire défila du Louvre à Notre-Dame de Paris le 21 janvier 1535. Le dauphin était François de France (1518-1536, v. note [3], lettre 966), fils aîné de François ier ; il était accompagné de ses deux frères, Henri de France, duc d’Orléans et futur roi Henri ii, et Charles de France, duc d’Angoulême (1522-1545). Charles de Bourbon (1489-1536), duc de Vendôme, premier prince du sang depuis 1527, allait être grand-père du futur roi Henri iv.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 67.

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(Consulté le 10/12/2024)

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