À Hugues II de Salins, le 7 mai 1663, note 1.
Note [1]

À la première interrogation médicale de Hugues ii de Salins, Guy Patin répondait « Un défaut de la première coction ne peut être corrigé lors de la seconde », et blâmait un propos de James Primerose (mort en 1659) que son correspondant avait dû lui citer. Il s’agissait sans doute du chapitre xxxix, De quelle manière on doit entendre que le défaut de la première coction ne se corrige point dans la seconde, dans le troisième de ses quatre livres « sur les Erreurs vulgaires de la médecine », {a} avec cette conclusion (édition française de Lyon, 1689, pages 482‑483) :

« Il faut donc distinguer, et dire que le défaut de la coction est ou grand, ou petit, qu’elle est complète ou incomplète, diminuée ou dépravée, et que les aliments sont de facile ou de difficile digestion. Ceux qui sont faciles à se cuire, comme le lait, le vin, les bouillons, le miel, etc., quand ils cesseraient de se cuire dans l’estomac, ils pourraient se cuire parfaitement dans le foie. {b} De là vient aussi que certaines gens n’ont pas plus tôt pris quelque nourriture qu’ils se sentent aussitôt et plus forts et plus gais, à cause qu’un foie épuisé a coutume d’attirer aussitôt les parties subtiles des aliments qu’il achève de cuire par sa chaleur, sans les laisser plus longtemps dans l’estomac. Quant aux petites fautes {c} qui se font dans les aliments plus grossiers et dans la première qualité, {d} et dont la coction ne soit que diminuée, elles se peuvent corriger dans la coction suivante, < étant > supposé que les parties dont l’office est d’achever cette coction soient bien saines, pourvu aussi que les choses externes n’y mettent aucun empêchement. Que si la < première > coction est dépravée et l’aliment corrompu, elle ne saurait être rendue meilleure par la suivante, à moins que le vice ne fût fort petit ; en ce cas, elle pourrait recevoir quelque amendement selon le degré de corruption plus grand ou plus petit. En voici la raison : c’est que tout ce qui s’engendre retient la nature de la cause matérielle ; et que tout agent agit sur un objet proportionné, sans que jamais la forme puisse être introduite que dans une matière disposée ; le ventricule {d} et le foie étant des parties différentes et agissant sur divers objets, y introduisent différentes formes ; mais si le défaut n’était qu’à l’égard de la qualité, une coction pourrait suppléer au défaut de l’autre ; ainsi voit-on le miel se tourner en bile dans le corps des jeunes gens, et en très bon sang dans les vieillards ; et pour l’ordinaire, il se fait un plus grand amas d’excréments si les laiments qui se présentent à la seconde coction, pour s’y achever, ne sont pas bien cuits. »


  1. V. note [41], lettre 104.

  2. Telles étaient ce qu’on appelait alors « la première » et « la seconde coctions », en ignorant la digestion principale des aliments qui se fait dans l’intestin grêle : la première édition du livre de Primerose a paru en 1639, avant que la circulation du sang eût acquis partout ses lettres de noblesse et que Jean Pecquet eût montré toute l’importance nutritive du chyle.

  3. Aux petits défauts.

  4. La chaleur.

  5. L’estomac.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hugues II de Salins, le 7 mai 1663, note 1.

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(Consulté le 18/04/2024)

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