De Caspar Hofmann, printemps 1646, note 10.
Note [10]

De Cartamo [Le Carthame] est le titre du chapitre vi du livre i des « Médicaments officinaux ». Caspar Hofmann commence par son point de vue sur l’étymologie de ce mot (page 18) :

Carthamum scribunt, qui απο του καθαἰρειν deducunt, quod tamen vitiosum est, ut tacite declaravi me supra. Kartam est vox Arabica, unde fit terminatione Latina Cartamus, cuius descriptio convenit cum Cneco seu Cnico Græcorum. Ita loquor. Quia κνηκος quidem, et Attice κνακος, η κνακων est απο του κνεω η κναω κνἰκος autem επι του κνἰζω. Est autem κνηκος η κνακων color ex albo et russo mistus, qualis in semine Cnici, ut dicetur.

[Ceux qui dérivent ce mot de καθαἰρειν {a} l’écrivent carthame, mais cela est erroné, comme je l’ai sous-entendu plus haut. Kartam est un mot arabe, d’où provient la désinence latine cartamus, {b} plante dont la description correspond le cneco ou cnico des Grecs. Tel est mon avis parce que κνἰκος, et en attique κνακος ou κνακων, vient certes de του κνεω ou κναω, mais aussi de του κνἰζω ; {c} κνηκος ou κνακων est aussi une couleur mêlant le blanc et le roux, {d} qu’on dit être celle de la graine de cnicus]. {e}


  1. Kathairein, purger, qui justifierait le h de carthame (jadis orthographié cartame).

  2. Mot latin savant et rare qu’on trouve écrit avec un h dans le Dictionnaire de Trévoux (carthamum). À cette subtilité près, le cartamus d’Hofmann est le carthame que Littré DLF définit comme un mot d’origine arabe (kirthim) servant à désigner le safran bâtard (carthamus tinctorius) ; cette plante « purge par haut et par bas les sérosités et la pituite visqueuse, dissipe les vents et délivre de toutes obstructions. Elle est aussi très bonne pour les maladies du poumon et de la poitrine ; et parce qu’elle est contraire à l’estomac, on la corrige ordinairement par le moyen du cardamome, de l’anis et du gingembre » (Thomas Corneille).

  3. De quelque manière qu’on les orthographie, tous ces mots se rattachent à κνηκος (knêkos) ; κναω (knaô), « je nettoie en grattant », et κνἰζω (knizô), « je racle ou j’excite », sont deux verbes de sens très proches.

  4. Gaffiot atteste ces deux orthographes pour dire « d’un jaune de carthame, d’où roux fauve ».

  5. Ce savant raisonnement n’a visiblement pas persuadé tout le monde d’ôter son h à carthame : on ne le trouve écrit cartame que dans des dictionnaires savants, comme ceux de Chomel (1741) et de Jolyclerc (1797).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Caspar Hofmann, printemps 1646, note 10.

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(Consulté le 25/04/2024)

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