À Charles Spon, le 6 mai 1650, note 11.
Note [11]

« Les Troyens sont lents à comprendre. »

Proverbium est natum a Troianis, qui decimo denique anno velle coeperant Helenam, quæque cum ea erant rapta, reddere Achivis.

[Ce proverbe est venu des Troyens à qui, au bout de dix ans, le désir était enfin venu de rendre aux Grecs Hélène et tout ce qu’ils avaient capturé avec elle]. {a}


  1. Pompeius Festus (v. note [13], lettre 460), La Signification des mots, livre xvii.

L’adage a été commenté par Érasme (no 28) :

Hoc proverbium ex vetustissima tragœdia Livii Andronici mutuo sumptum est, quæ inscribitur Equus Trojanus : Sero sapiunt Phryges. Usurpatur a Cicerone in Epistulis familiaribus : In equo, inquit, Trojano scis esse : sero sapiunt Phryges. Convenit in eos, quos stulte factorum sero pænitet. Siquidem Trojani tot jam acceptis cladibus vic decim demum anno de restituenda Helena consultare cœperunt ; quam si statim initio reposcenti Menelao redidissent, innumerabilibus sese calamitatibus subduxissent.

[Ce proverbe est emprunté (ou inversement) à une très ancienne tragédie de Livius Andronicus, intitulée Equus Troianus : {a} “ Les Troyens {b} sont lents à comprendre. ” Cicéron l’a employé en ses Lettres familières : Les Troyens sont lents à comprendre, tu sais, dit-il, que c’est dans l’Equus Trojanus {c} Il convient à ceux qui regrettent trop tard les folies qu’ils ont commises. Il a ainsi fallu presque dix ans d’incessants malheurs aux Troyens pour commencer à se demander s’ils devraient libérer Hélène ; {d} alors que s’ils l’avaient rendue aussitôt que Mélénas l’avait réclamée, ils se seraient épargné d’innombrables calamités].


  1. « Le cheval de Troie » ; Livius Andronicus est un poète latin du iiie s. av. J.‑C., dont il ne reste que des fragments.

  2. Priam, roi légendaire de Troie, était phrygien.

  3. Livre vii, lettre 16.

  4. V. note [4] du Mémorandum 4 pour la volage Hélène qui fut cause de la guerre de Troie.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 6 mai 1650, note 11.

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(Consulté le 28/03/2024)

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