À Charles Spon, le 14 juillet 1643, note 13.
Note [13]

Scævolæ Sammarthani lucubrationum pars altera, qua continentur Gallorum doctrina illustrium, qui nostra patrumque memoria floruerunt, Elogia.

[Seconde partie des veilles studieuses de Scévole i de Sainte-Marthe, {a} qui contient les éloges des Français qui se sont illustrés par leur savoir, et ont fleuri en notre temps et en celui de nos pères]. {b}


  1. V. note [9], lettre 48.

  2. Poitiers, veuve de Jean Blancet, 1606, in‑8o de 251 pages.

    Traduit en français : Éloges des hommes illustres, qui depuis un siècle ont fleuri en France dans la profession des Lettres. Composés en latin par Scévole de Sainte-Marthe et mis en français par G. Colletet (Paris, Antoine de Sommaville, Augustin Courbé et François Langlois, 1644, in‑4o de 601 pages ; v. note [5], lettre latine 12, pour Guillaume Colletet).


L’éloge de Gulielmus Pellicerius se trouve dans le livre i, aux pages 32‑34. Sainte-Marthe y rapporte comment François ier (qui régna de 1515 à 1547), désireux de faire rivaliser les talents des Français avec ceux des Italiens, députa Guillaume ii Pellicier à Venise. Il parvint à tant s’attirer l’admiration des savants italiens que le monarque le récompensa de l’évêché de Montpellier.

  • Latin d’origine
    Non tamen eo rerum proventu plane felix, bacchante nimirum et incitata more suo in rarum et præstantem virum invidia, ut a sycophantis obiecta criminatione, quasi severam cœlibatus legem non satis pro sacrati ordinis dignitate observaret, in summo fortunarum et famæ periculo diu multumque versaretur, donec cæcos calumniæ dolos opportuna vitæ innocentia superaret. Qua ex contumelia concepto ingenti nec inani totius aulæ fastidio abdidit se in Monspeliensem illum secessum, ubi liber solutusque in dulci et optato Musarum sinu placide ac lubenter acquievit.

  • Traduction fidèle
    « Ce succès pourtant ne le rendit pas tout à fait heureux. La jalousie se déchaîna et se lança, à son habitude, contre un homme rare et éminent. Des fourbes l’accusèrent de ne pas suffisamment respecter la rude loi du célibat, contre la dignité de l’ordre sacré, et de mettre au plus haut point et depuis longtemps en danger ses biens et sa réputation tant qu’il n’aurait pas surmonté les ruses aveugles de la calomnie par des mœurs irréprochables. Cet outrage, à l’immense, mais pourtant vain dégoût de toute la cour, le décida à se retirer à Montpellier où, libre et sans entraves, il trouva de bon cœur et sans regret le repos dans le sein des Muses. »

  • Traduction de Colletet (1644, livre i, pages 78‑79)
    « Avec tous ces grands avantages, il ne fut pas toutefois parfaitement heureux ; car l’envie qui a cette mauvaise coutume de vomir son fiel et sa rage contre ce qu’il y a de plus saint et de plus relevé, prit notre Pellicier pour but de ses funestes atteintes. Elle suggéra de certains médisants qui accusèrent cet excellent homme de violer la sévère loi du célibat, et de vivre avec un peu plus de licence et de liberté qu’il n’était convenable à un homme qui avait reçu les sacrés ordres de l’Église et qui était honoré de l’une de ses plus hautes dignités. Il eut beaucoup de peine auparavant que de se justifier de cette fausse accusation, qui le menaçait de le ruiner de biens et d’honneur. Mais enfin, son innocence reconnue vainquit cette noire calomnie, à sa gloire et à la honte de ses ennemis. Cette puissante secousse le dégoûta pourtant de telle sorte de la vie de la cour qu’il se résolut enfin de faire sa retraite à Montpellier ; où vivant dans une honnête liberté et avec un esprit dégagé de toute sorte de soins et d’inquiétudes, il tâcha de se reposer doucement dans l’agréable sein des Muses. »

Plus loin, page 79, dans l’éloge de Guillaume Rondelet, on lit :

  • Latin d’origine
    Ibi multa quidem præclare molitus est, sed nihil memorabilius in vita perfecit, quam cum magnifico eruditionis apparatu, non sine Guil. Pellicerii doctissimi quoque viri auxiliaribus copiis, vastum illud Neptuni regnum ingressus est, unde amplissimis eius spoliis onustus ad nos redit.

  • Traduction fidèle
    « Il a certes savamment travaillé à beaucoup d’ouvrages, mais il n’a rien accompli en sa vie de plus mémorable que quand il a pénétré le vaste règne de Neptune, avec un magnifique étalage d’érudition, mais non sans les copieux secours de Guillaume Pellicier qui était aussi un homme très savant. Il nous en est revenu chargé d’un très riche butin. »

  • Traduction de Colletet (1644, livre ii, page 178)
    « Ce fut là [à Montpellier] qu’il se délibéra d’entreprendre plusieurs beaux ouvrages. Mais il ne fit rien de plus utile ni de plus mémorable pendant tout le cours de sa vie que quand il se résolut avec autant de courage que d’expérience et de doctrine de pénétrer le vaste sein de Neptune ; et même qu’avec l’assistance de Guillaume Pellicier, l’un des plus savants hommes de son siècle, il s’en revint en France chargé des riches et glorieuses dépouilles de la mer. »

Ces deux extraits montrent combien les traducteurs se permettaient non seulement d’enjoliver, mais aussi d’édulcorer leur source.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 14 juillet 1643, note 13.

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(Consulté le 28/03/2024)

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