Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 1 manuscrit, note 13.
Note [13]

« imprégné par le vinaigre italien ».

  • Le « vinaigre italien » est ici (comme ailleurs, v. note [18] de la thèse de Guy Patin sur la Sobriété) clairement pris au sens de poison. Horace l’a pourtant entendu autrement dans sa Satire vii, livre vii, vers 31‑34 :

    At Graecus, postquam est Italo perfusus aceto,
    Persius exclamat: Per magnos, Brute, deos te
    oro, qui reges consueris tollere, cur non
    hunc Regem iugulas ? Operum hoc, mihi crede, tuorum est
    .

    [Alors le Grec Persius, après s’être imprégné de vinaigre italien, s’exclame : « Grands dieux, Brutus ! toi qui a l’habitude d’éliminer les rois, pourquoi, je te prie, ne tuerais-tu pas ce Rex ? C’est à toi de le faire, crois-moi. »]

    Horace ironisait sur les injures échangées par Persius et son ennemi Rex Rupilius, dans le procès qu’il avaient engagé l’un contre l’autre. Érasme, dans son commentaire sur l’adage Acetum habet in pectore [Il a du vinaigre dans le cœur] (no 1252), a recommandé de prendre acetum [vinaigre] pour mordacitas [virulence] (mais non pour venenum [poison]). Bénédicte Delignon (Les satires d’Horace et la comédie gréco-latine : une poétique de l’ambiguïté, Peeters, Louvain, 2006, page 233) ajoute que le « vinaigre italien » était la langue railleuse et vulgaire des campagnards, opposée au latin châtié des citoyens romains.

  • Aucune des biographies de Jean Barclay que j’ai lues ne suggère qu’il soit mort de poison. La Ioannis Barclaii Vita [Vie de Jean Barclay] qui figure dans les pièces introductives de son Argenis, nunc primum illustrata [Argenis, pour la première fois éclaircie] {a} a ainsi résumé les dernières années de son existence (page ** 2 ro) :

    Huic autem triplici suæ proli timens quæ legi adversus Catholicos promulgatæ erat obnoxia, iterum solum vertit. Non sine tamen aliquo doloris sensu, et amicitiæ argumento eum Rex dimisit ; abeunti enim effigiem suam insertam aureæ pixidi, multis gemmis distinctæ, dono dedit. Missa Gallia Romam destinat peregrinationis metam, quo amicis precibus Romani Pontificis Pauli v. vocabatur per Gondomarum legatum Regis Hispaniæ. Istic per quinquennium cum vixisset, tandem obtinente Gregorio xv. (qui et amore in eum Paulo v. successerat, eumque et illustribus honorum titulis, et annua pensione una cum majore natu filio impertiverat) defecit hoc Europæ lumen, atque brevissimæ, sed acerrimæ febris æstu ultimum diem clausit anno milles. sexcent. vige. primo, Augusti duodecimo, vir de Musis optime meritus. Morti proximus locum sepulturæ destinavit sibi extra omne hominum commercium.

    [Là-bas, {b} craignant que la loi qu’on avait promulguée contre les catholiques ne nuisît à ses trois enfants, il changea à nouveau de pays. Le roi {c} le congédia, non sans quelque chagrin en raison de l’amitié qu’il avait pour lui, car, au moment de partir, le monarque lui fit cadeau de son portrait inséré dans un coffret en or, orné de nombreuses pierres précieuses. Après être passé en France, il se rendit à Rome, où l’appelaient les amicales prières du pape Paul v {d} que Gondomar, ambassadeur du roi d’Espagne, {e} lui avait transmises. Barclay y a vécu pendant cinq ans. Ayant enfin obtenu les faveurs de Grégoire xv {f} (qui avait succédé à Paul v dans l’affection qu’il lui portait, et qui l’avait gratifié, ainsi que son fils aîné, de distinctions honorifiques et d’une pension), cette lumière de l’Europe s’est éteinte : cet homme qui a très hautement mérité des Muses a fermé les yeux, emporté par l’ardeur d’une fièvre de très courte durée, mais extrêmement rude, le 12e jour d’août 1621. Tout près de mourir, il choisit le lieu de sa sépulture, à l’écart de tout commerce avec les hommes]. {g}


    1. Leyde et Rotterdam, Officina Hackiana, 1664, in‑8o de 637 pages ; v. note [4], lettre latine 325, pour d’autres éditions latines et françaises.

    2. À Londres, en 1616.

    3. Jacques ier, roi de Grande-Bretagne.

    4. Camillo Borghese, pape de 1605 à 1621 (v. note [5], lettre 25).

    5. Diego Sarmiento d’Acugna, comte de Gondomar, ambassadeur de Philippe iii à Londres.

    6. Grégoire xv a régné de 1621 à 1623 (v. note [3] du Naudæana 1).

    7. « Il mourut à Rome, le 12 août 1621, pendant que son Argenis s’imprimait en France. Son corps fut porté dans l’église de Saint-Onuphre sur le Janicule. Son fils lui fit élever un tombeau de marbre à l’église de saint Laurent sur le chemin de Tivoli » (Bayle, dont la curieuse note G relate ce qu’il advint du buste qu’on avait placé sur la tombe de Barclay).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 1 manuscrit, note 13.

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(Consulté le 23/04/2024)

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