À Charles Spon, le 9 mai 1643, note 14.
Note [14]

« (ce n’en est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres), dans son Histoire de la Nature » :

Ioannis Eusebii Nierembergii Madritensis ex Societate Iesu, in Academia Regia Madritensi Physiologiæ Professoris, Historia Naturæ, maxime peregrinæ, libris xvi distincta : in quibus rarissima Naturæ arcana, etiam astronomica, et ignota Indiarum animalia, quadrupedes, aves, pisces, reptilia, insecta, zoophyta, plantæ, metalla, lapides et alia mineralia, fluviorumque et elementorum conditiones, etiam cum proprietatibus medicinalibus, describuntur ; novæ et curiosissimæ quæstiones disputantur, ac plura Sacræ Scripturæ loca erudite enodantur. Accedunt de miris et miraculosis Naturis in Europa libri duo : item de iisdem in Terra Hebræis promissa liber unus.

[Histoire de la Nature, surtout des pays étrangers, distribuée en 16 livres, par Juan Eusebio Nieremberg de Madrid, de la Compagnie de Jésus, professeur de physiologie en l’Académie royale de Madrid : y sont décrits les plus rares secrets de la Nature, ainsi que l’astronomie et les animaux inconnus des Indes, quadrupèdes, oiseaux, poissons, reptiles, insectes, zoophytes, {a} les plantes, les métaux, les pierres et les autres minéraux, l’état des fleuves et des éléments, avec aussi les propriétés médicinales ; des questions nouvelles et les plus curieuses sont discutées, et plusieurs passages de la Sainte Écriture sont savamment expliqués. S’y ajoutent deux livres sur les miracles et merveilles de la Nature en Europe, ainsi qu’un livre sur le même sujet dans la Terre promise aux Hébreux]. {b}


  1. Animaux-plantes, comme les éponges.

  2. Anvers, Plantin, Balthazar Moret, 1635, in‑fo.

Les 16 livres de l’Historiæ Naturæ occupent les 386 premières pages de l’ouvrage ; le De Miris et miraculosis… va de la page 387 à la page 502. Le tout est suivi de deux index. L’ouvrage est dédié à Don Gaspar de Guzmán, comte-duc d’Olivares (v. note [1], lettre 127).

Le passage dont se moquait Guy Patin est dans le livre i, du de Miris et miraculosis…, chapitre v (page 389), intitulé De Gallina S. Ignatii [La Poule de saint Ignace] :

Narratio istarum avium suggerit quod Manresæ accidit meritis S. Ignatij nostri Patris, qui in eo oppido rigidissime se exercuit, et in admirabilem provexit sanctimoniam. Ibi gallinam aquis submersam puer cum alijs puerilis lacrymatus, absente enim matre suffocata avis fuerta, et timebat puer flagella. Cumque memoria S. Ignatij magna ibi sanctitatis commendatione in omnium ore frequentetur, cœperunt pueri expostulare Santum, ut restitueretur ales. Ecce subito gallina mortua, et pedibus iam combusta, exurgit viva et integra, vocata deinde Gallina miraculosa aut S. Ignatij. Cujus ova maxime quærebantur. Pignus aut argumentum aliquod miraculi avis hæc præ se deinceps tulit, ut nunquam cum alijs gallinis coniungeretur, sed solitaria incederet.

[L’histoire de ces oiseaux {a} m’amène à ce qui arriva à Manresa {b} par les bons offices de notre Père saint Ignace, qui travailla sans relâche dans cette cité et s’y éleva en une admirable sainteté. Un garçonnet et d’autres petits pleuraient là pour une poule qui s’était noyée ; l’accident s’était produit en l’absence de leur mère et l’enfant redoutait le fouet. Et comme, aux dires de tous, la grande mémoire de saint Ignace était assidûment honorée pour sa réputation de dévotion, les gamins entreprirent de l’implorer pour que le volatile fût rendu à la vie. Voilà tout à coup que la poule morte, dès qu’on lui eut un peu brûlé les pattes, se releva saine et sauve ; et on l’a depuis appelée la poule miraculeuse ou de saint Ignace. {b} On recherchait ses œufs avec grande avidité. Après quoi, cet oiseau a paradé au grand jour comme un gage ou témoin de miracle, de sorte qu’il ne s’est jamais accouplé à d’autres et qu’il est resté sans descendance].


  1. Chapitre iv du même livre, De Avibus Ravennæ [Les Oiseaux de Ravenne], au sujet des corbeaux qui se rassemblent chaque année dans cette ville d’Émilie-Romagne et à qui on donnait un cheval mort à dévorer.

  2. Manrèse en Catalogne, une soixantaine de kilomètres au nord de Barcelone.

  3. La bien plus officielle Historiæ Societatis Iesu, Pars prima sive Ignatius [Première partie de l’Histoire de la Compagnie de Jésus, ou Ignace], écrite par les jésuites (Anvers, 1620, v. notule {c}, note [8], lettre 279), n’a pas retenu cette légende parmi les miracles attribués à Ignace de Loyola (livre seizième, page 425).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 9 mai 1643, note 14.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0081&cln=14

(Consulté le 25/04/2024)

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