À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 16.
Note [16]

Charlatan : « faux médecin qui monte sur le théâtre en place publique pour vendre de la thériaque et autres drogues, et qui amasse le peuple par des tours de passe-passe et des bouffonneries, pour en avoir plus facilement le débit. Ce mot vient de l’italien ceretano, qui a été fait de Cæretum, qui est un bourg proche de Spolete en Italie, d’où sont venus premièrement ces imposteurs qui courent de ville en ville, comme témoigne Calepin [v. note [17], lettre 193]. Ménage le dérive de circulatanus, qu’il croit qu’on a dit pour circulator » (Furetière).

Gilles Ménage :

« Circulator est expliqué dans les gloses anciennes par οχλαγωγος, et αγυρτης, qui signifient un charlatan. Le P. Labbe {a} a désapprouvé cette étymologie : “ Charlatan, dit-il, ne vient pas de ce qu’il forme des cercles ou des assemblées en rond, mais des caroles, qui signifient des théâtres dressés au milieu des rues et places publiques pour danser, et ensuite débiter ses drogues et tromper les simples. ” Les Annales de Nangis en la Vie de Philippe le Hardi roi de France : “ Le comte d’Artois manda les dames et les damoiselles du pays pour faire tresches et karoles avec les femmes des bourgeois (d’Arras) qui s’étudiaient en toutes manières de danser et d’espinguier, etc. ” Le P. Labbe qui accuse les autres de s’être trompés, s’est ici trompé, et très lourdement. Outre que l’analogie ne permet pas que charlatan vienne de caroles, caroles n’a jamais signifié des théâtres dressés au milieu des rues ; il a toujours signifié, et signifie encore des danses ; tresches signifiait la même chose. »


  1. Philippe Labbe, jésuite, v. note [11], lettre 133.

Les ennemis de la circulation du sang, découverte par William Harvey (v. note [12], lettre 177), se sont fait un malin plaisir à jouer sur ce sens originel de circulator, charlatan. Guy Patin qualifiait de charlatanerie tout ce qui, en médecine, s’écartait si peu que ce fût du dogmatisme hippocrato-galénique, avec les minimes retouches que Jean Fernel et quelques rares autres y avaient apportées, au xvie s.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 16.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0006&cln=16

(Consulté le 19/04/2024)

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