À Charles Spon, le 25 avril 1653, note 18.
Note [18]

Le Catholicon d’Espagne est le titre abrégé et forme la première partie de la Satire Ménippée, de la vertu du Catholicon d’Espagne et de la tenue des états de Paris. Ce fameux pamphlet politique (dont le titre est emprunté aux Satires Ménippées de Varron, v. note [1], lettre 14) parut en 1593 lors de l’assemblée des états généraux de la Ligue (v. notule {a}, note [38] du Borboniana 10 manuscrit). Les auteurs de cet ouvrage érudit, mais fort drôle, sont Pierre i Pithou, Jean Passerat, Gilles Durand, Nicolas Rupin, Florent Chrestien, Jacques Gillot et Pierre Leroy.

L’idée première du Catholicon proprement dit est de transformer en deux charlatans le parti de Lorraine et celui d’Espagne, occupés à brasser le catholicon, essence mêlée de poudre d’or, de pensions, de promesses et de belles paroles, bien alambiquée, bien calcinée et sophistiquée diversement par l’une et l’autre faction. Ensuite, afin de préparer la tenue des états généraux où la Ligue choisira son roi, on renouvelle la procession qui avait eu lieu trois ans plus tôt.

Le titre complet de cette partie est : Abrégé des états de Paris convoqués au 10e de février 1593, tiré des mémoires de Mlle de La Lande, alias la Bayonnaise, et des secrètes confabulations d’elle et du P. Commelaid [pour Commelet, prédicateur jésuite de la Ligue]. Guy Patin y faisait allusion au cortège grotesque des moines (édition de Ch. de Marcilly, Paris, Garnier frères, 1882, pages 20‑22) :

« Puis suivaient, de trois en trois, cinquante ou soixante religieux, tant cordeliers que jacobins, carmes, capucins, minimes, bonshommes, feuillants et autres, tous couverts avec leurs capuchons et habits agrafés, armés à l’antique catholique sur le modèle des épîtres de saint Paul : entre autres, il y avait six capucins, ayant chacun un morion {a} en tête et au-dessus une plume de coq, revêtus de cottes de maille, l’épée ceinte au côté par-dessus leurs habits, l’un portant une lance, l’autre une croix, l’un un épieu, l’autre une arquebuse et l’autre une arbalète, le tout rouillé par humilité catholique. Les autres presque tous avaient des piques qui branlaient souvent, par faute de meilleur passe-temps, hormis un feuillant boiteux qui, armé tout à cru, {b} se faisait faire place avec une épée à deux mains et une hache d’arme à sa ceinture, son bréviaire pendu par derrière ; et le faisait bon voir sur un pied, faisant le moulinet devant les dames. Et à la queue, il y avait trois minimes tous d’une parure, savoir est, ayant sur leurs habits chacun un plastron à courroies et le derrière découvert, la salade {c} en tête, l’épée et pistolet à la ceinture, et chacun une arquebuse à croc sans fourchette. Derrière était le prieur des jacobins en fort bon point, traînant une hallebarde gauchère et armé à la légère en morte-paye. {d} Je n’y vis ni chartreux ni célestins, qui s’étaient excusés sur le commerce. » {e}


  1. Petit casque.

  2. Sans habits au-dessous.

  3. Casque.

  4. Garde ordinaire.

  5. Pour ces derniers, que visait spécifiquement ici Guy Patin, Marcilly note : « Ces moines fort riches possédaient des biens dans les provinces royalistes ». V. note [46] du Naudæana 3 pour les célestins.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 25 avril 1653, note 18.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0310&cln=18

(Consulté le 24/04/2024)

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