À Charles Spon, le 10 août 1657, note 19.
Note [19]

« la patrie des diables. »

Teofilo Folengo (Mantoue 1491-près de Bassano 1544), plus connu sous le pseudonyme de Merlin Coccaye ou Coccaïe, était un moine bénédictin qui s’enfuit de son couvent (1512), erra en Italie avec une femme nommée Geronima et publia des poésies burlesques auxquelles il donna le nom de Macaronées, par probable allusion au macaroni (Furetière) :

« Sorte de mets dont les Italiens sont fort friands. Il est fait de farine et de fromage, qu’on cuit dans le pot avec la viande. Quand ils sont taillés en menus filets, on les appelle vermicelli. Ménage dit que ce mot vient de makar qui, en grec, signifie heureux, comme si c’était le mets des heureux. »

Ce genre de poésie était un mélange de mots latins et de mots italiens avec une terminaison latine, le tout entremêlé de mots pris aux divers dialectes de l’Italie. Telle serait l’origine de la poésie macaronique.

Si Folengo ne fut pas le créateur de cette bizarrerie littéraire, au moins fut-il le premier qui la cultiva avec succès. Ses Macaronées sont un mélange d’idées grotesques, de saillies de mauvais goût, de tableaux licencieux et de quelques bouffonneries originales que Rabelais n’a pas dédaigné d’imiter. Folengo finit par rentrer dans un monastère de son Ordre et acheva ses jours dans le couvent de Santa-Croce. Pour expier ses œuvres de jeunesse et ses égarements, il s’était mis à composer des poésies religieuses dont l’orthodoxie ne compensait pas la médiocrité. Ses poésies macaroniques, publiées sous le titre d’Opus macaronicorun (Venise, 1520, in‑8o), ont été traduites en français :

Histoire macaronique de Merlin Coccaie, prototype de Rabelais. Où est traité les ruses de Cingar, les tours de Boccal, les aventures de Léonard, les forces de Fracasse, enchantements de Gelfore et Pandrague, et les rencontres heureuses de Balde, etc. Plus l’horrible Bataille advenue entre les Mouches et les Fourmis. {a}


  1. Paris, Toussaint du Bray, 1606, in‑12 de 900 pages. Les diables y sont omniprésents.

On a encore de Folengo, entre autres, l’Orlandino (Venise, 1520), poème burlesque de l’enfance de Roland, et Chaos del tri par uno (Venise, 1527, in‑8o), sorte d’autobiographie en vers et en prose, etc. (G.D.U. xixe s.).

V.  note [41] du Faux Patiniana II‑4 pour Giambatista Folengo, frère de Teofilo.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 août 1657, note 19.

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(Consulté le 20/04/2024)

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