À Claude II Belin, le 25 août 1642, note 2.
Note [2]

Dogmatique (Trévoux) :

« nom d’une secte d’anciens médecins, nommés autrement logiciens, parce qu’ils employaient les règles de la logique pour traiter ce qui était de leur profession, usant de définitions et de divisions, réduisant les maladies à certains genres, ces genres à des espèces, et ayant des remèdes pour les uns et pour les autres, se faisant des principes et en tirant des conséquences, et appliquant ces principes et ces conséquences aux maladies particulières qu’ils traitaient. Hippocrate et Galien étaient dogmatiques, ou de la secte des dogmatiques. Les dogmatiques étaient ceux qui donnaient à la médecine un arrangement semblable à celui des sciences spéculatives, qui définissaient, divisaient, posaient des principes, et en tiraient des conséquences. C’est pour cela qu’on les nommait aussi logiciens ; ils s’appliquaient à rechercher les causes des maladies, et la nature des remèdes. Érasistrate, fameux dogmatique, alla si loin que, non content de disséquer des chiens et des animaux, il demandait aux magistrats des criminels condamnés à mort, les ouvrait tout vivants, et fouillait dans leurs entrailles. La méthode de ces médecins s’appelle médecine dogmatique. M. Harris la définit une pratique raisonnée de la médecine. Hippocrate, selon lui, en fut le premier auteur, et après lui Galien. Cette secte, sur des principes de philosophie, à ce qu’elle prétendait, rejetait toutes les vertus médicinales qu’elle ne pensait pas qu’on pût réduire à des qualités manifestes. Mais il y a longtemps que Galien lui-même a très bien remarqué qu’il faut que ces médecins ou nient des faits évidents, ou n’apportent que de très mauvaises raisons de plusieurs effets qu’ils prétendent expliquer. »

Le dogmatisme, fondé sur le raisonnement, s’opposait à l’empirisme, fondé sur l’expérience. Une majorité déclinante de la Faculté de médecine de Paris, dont Guy Patin, héritier des Piètre, était l’un des plus vigoureux meneurs, s’accrochait tant qu’elle pouvait au dogmatisme le plus pur, refusant, entre autres, la chimie et les propriétés occultes des médicaments, et n’acceptant qu’avec difficulté les innovations anatomiques (misonéisme ou horreur de la nouveauté). Tout ce qui cherchait à composer avec la pureté dogmatique était qualifié de semi-dogmatique ; l’Université de Montpellier, rivale de Paris, s’acharnait dans cette voie contraire, tout particulièrement en favorisant les remèdes chimiques.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 25 août 1642, note 2.

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(Consulté le 29/03/2024)

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