Autres écrits : Une thèse quodlibétaire de Guy Patin : « L’homme n’est que maladie » (1643), note 21.
Note [21]

Girolamo Mercuriali, au livre iii (chapitre xx, page 76) de ses Variarum lectionum (v. note [3], lettre 534), a commenté l’emploi de la castration dans les traitement de la lèpre :

Aetius lib. 13, cap. 125 multa præclare de Elephanticorum victu memoriæ mandavit ; sed in duobus insigniter eum lapsum semper existimavi : in uno, dum caussam, qua castrati eo morbo non tentantur, assignare studuit ; in altero, dum elephantiasi correptos generandi gratia cum mulieribus aliquando consuetudinem habere consuluit. Quod in castratis larga fiat seminis generatio, atque non castrati utilem ac bonum humorem in eo ita absumant, ut illi à morbo ea ratione evadant, hi vero facilius capiantur, ridiculum sane est fateri ; sicuti absonum est, quos elephantiasis exercet multo abundare semine putare. In ijs enim, qui omne membrorum alimentum vitiatum et corrumptum habent, quomodo semen, quod ultimi ac utilis alimenti περιτηκωμα est, multiplicari possit, non video. Quare verior sese offert ratio, cur eunuchi ab eo malo immunes reddantur ; siquidem præcipua illius generationis occasio a caliditate et siccitate cum iecoris, tum universi corporis habitus dependet, et iccirco huiuscemodi affectio Ægypto familiaris traditur. Eunuchi vero frigidi atque humidi citra omnium controversiam fiunt : ut nemini arduum sit intelligere, hinc nasci, quod castrati non solum lepræ, verum etiam ulli alteri morbo a calido et sicco nascenti non facile subjiciantur. Consulere porro, ut laborantes lepra generandi gratia concumbant, est non modo male affectos iugulare, sed etiam reliquos peste inficere, morbosumque genus humanum reddere velle. Cur autem Elephantici usque adeo veneris appetitu stimulentur, non aliam caussam puto, nisi quia vasa ipsorum omnia multo et crasso flatu humoreve incocto replentur, qui tam genitalia ipsorum, quam ora satyris similia efficit : ob quo etiam σατυριασις et σατυριας a veteribus medicis tale mali genus nuncupatum invenitur.

[Aétius d’Amide, {a} livre xiii, chapitre cxxv, a écrit bien de brillantes choses sur les caractères des éléphantiasiques ; mais j’ai toujours pensé qu’il s’était manifestement trompé sur deux points : primo, quand il s’est appliqué à déterminer pourquoi les castrats ne sont pas sujets à cette maladie ; secundo, quand il a recommandé que les sujets atteints d’éléphantiasis prennent l’habitude de copuler de temps en temps avec des femmes. Il est parfaitement ridicule de déclarer que les castrats échappent à la maladie parce qu’ils produiraient une grande abondance de sperme, mais ne dissiperaient pas le bon et utile suc qu’il contient. Il est tout aussi faux de penser que ceux qu’afflige l’éléphantiasis débordent de sperme. Je ne vois pas en effet comment chez ceux-là, en qui tout ce qui nourrit le corps est vicié et corrompu, le sperme, qui est le déchet de l’aliment final et utile, pourrait s’accroître. Il existe une explication plus juste de l’immunité des eunuques à l’égard de ce mal : la principale circonstance de sa genèse provient de la chaleur et de la sécheresse tant du foie que du corps tout entier ; ce qui fait qu’on la dit commune en Égypte. Les eunuques sont incontestablement froids et humides ; nul ne peine donc à comprendre qu’il en découle que les castrats ne sont pas sujets à la lèpre, mais aussi à toute autre maladie due au froid et au sec. En outre, recommander de copuler à ceux qui souffrent de lèpre revient non seulement à tuer les patients, mais aussi à communiquer ce fléau aux autres, et à vouloir infecter l’espèce humaine. Je ne vois pourtant qu’une raison au fait que l’appétit sexuel des éléphantiasiques soit à ce point stimulé : c’est que tous leurs vaisseaux sont remplis d’une flatuosité abondante et épaisse ou d’une humeur crue qui, comme aux Satyres, agit autant sur leurs organes génitaux que sur leur apparence ; il se trouve d’ailleurs que les anciens médecins ont donné à ce genre de maladie le nom de satyriasis et de priapisme]. {b}


  1. V. note [4], lettre de Charles Spon, datée du 21 novembre 1656.

  2. V. première notule {e‑i}, note [33], lettre latine 154, pour la distinction entre ces deux sortes d’érection permanente.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Une thèse quodlibétaire de Guy Patin : « L’homme n’est que maladie » (1643), note 21.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8038&cln=21

(Consulté le 28/03/2024)

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