À Charles Spon, le 20 juin 1653, note 23.
Note [23]

Journal de la Fronde (volume ii, fos 228 vo et 229 ro) :

« De Bordeaux, le 5 juin. Le 2 de ce mois, au soir, le fils d’un procureur au parlement nommé Chevalier fut pris sortant de cette ville pour aller trouver M. de Candale avec des lettres de créance et un passeport du roi, et d’autres lettres à divers particuliers de la part de deux conseillers du parlement nommés Des Bardes et de Mausnier qui étaient ici, et encore quelques lettres et mémoires en chiffre. Ce prisonnier ayant été présenté à la question, {a} par jugement des ormistes et partie des officiers de l’armée, confessa qu’il avait reçu ordre de deux conseillers d’aller avertir M. de Candale qu’il s’avançât en diligence du côté de la terre avec son armée proche les portes de cette ville, et que M. de Vendôme en ferait de même avec son armée navale ; en sorte qu’ils pourraient faire ensemble quatre attaques en quatre endroits, et occuperaient par ce moyen toutes les forces de M. le prince de Conti et de M. Marchin pendant que, dans la ville, M. de Théobon, {b} qui a été jusqu’ici du parti de M. le Prince et qui était de l’intelligence de ces deux conseillers, se saisirait d’une porte de la ville, assisté des bien intentionnés, par laquelle il aurait fait entrer les troupes de M. de Vendôme ou celles de M. de Candale en faisant crier “ L’amnistie ! ” et “ Vive le roi ! ”. Après cette confession, ce prisonnier ayant été condamné à être pendu, fut exécuté le 3 au soir et les deux conseillers se sauvèrent à la dérobée, de crainte qu’on ne leur en fît autant. Depuis, on a fait entrer dans la ville 200 cavaliers qui sont ordinairement près de M. le prince de Conti, et M. de Marchin en fait venir plus grand nombre ; la patrouille marche toute la nuit ; ces deux chefs logent dans un même quartier afin d’être plus tôt prêts en cas de besoin ; ils sont dans des grandes défiances et l’on croit qu’enfin ils logent une bonne partie de leur armée dans la ville. Le nombre de ceux qui souffrent et qui désirent la paix est plus grand que celui des autres, et l’on appréhende que cette division ne cause un grand désordre dans la ville. L’on a résolu dans l’assemblée ordinaire de la Ville d’envoyer des nouveaux députés en Angleterre, lesquels ne sont pas encore nommés. »


  1. V. seconde notule {d}, note [2] du Borboniana 10 manuscrit.

  2. Charles de Rochefort de Saint-Angel, marquis de Théobon.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 juin 1653, note 23.

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(Consulté le 20/04/2024)

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