À Charles Spon, le 11 mai 1655, note 27.
Note [27]

« On appelle par corruption saint Lazare saint Ladre […] : de là vient qu’on appelle ladres les lépreux […] Borel le dérive de lasre, vieux mot français qui est dérivé de Lazare à cause que le Lazare était chargé d’ulcères » (Furetière). Construit au xiie s. par les frères hospitaliers de saint Lazare (Ladre) et voué au traitement des lépreux, l’hôpital Saint-Lazare se situait dans le faubourg Saint-Denis. Devenu prison à la Révolution, le vieil édifice fut rasé vers 1824 et remplacé par un nouvel hôpital qui est resté en activité jusqu’en 1998.

Ordonné prêtre en 1600, après une jeunesse aventureuse et obscure, Vincent de Paul (Pouy près de Dax en 1576 ou 1581-Paris 27 septembre 1660) avait fondé la Congrégation de la Mission en 1625, avec le dessein d’évangéliser les pauvres des campagnes ; ses membres furent nommés lazaristes en 1632 parce qu’ils s’établirent au prieuré Saint-Lazare. Inlassable promoteur de l’assistance publique charitable, au travers de multiples initiatives (comme le secours aux prisonniers et aux galériens, ou l’Hôpital général [v. note [20], lettre 464]), Vincent de Paul avait été confesseur d’Anne d’Autriche et membre de son Conseil de conscience de 1643 à 1652. Canonisé en 1737, il est aujourd’hui le religieux français le plus célèbre du xviie s., mais Guy Patin ne l’a mentionné que deux fois dans toutes ses lettres.

Selon Raoul Allier (La Cabale des dévots, page 59), « Monsieur Vincent » exerça sa grande influence grâce à la Compagnie du Saint-Sacrement (v. note [7], lettre 640) :

« C’est sans doute en 1635 ou 1636 qu’il entre dans la pieuse conspiration. Dès lors, il est un des agents les plus actifs dont la Compagnie se serve au dehors. Pour qui connaît celle-ci, maint détail de l’œuvre du saint s’illumine. »

Allier est plus explicite page 139 :

« Sans doute, dans toutes ces circonstances, l’apôtre de la charité n’a pas été seulement l’exécuteur d’ordres donnés par un comité. Il faisait partie du cénacle où l’on s’inquiétait, avec une ferveur si soutenue, des détresses humaines. Il y apportait le cri de son âme affligée ; et il dut être, en bien des cas, le premier à solliciter la mission dont on le chargea. Mais il avait derrière lui un certain nombre d’hommes qui n’attendaient pas toujours ses indications ou ses appels, qui étudiaient de très près le bien à faire ou le mal à combattre, qui décidaient les mesures à prendre, les efforts à tenter, les campagnes à poursuivre ; et comme ces hommes voulaient rester dans l’ombre, comme leur conspiration pour le bien devait demeurer à jamais ignorée du public, la gloire du saint — sans que celui-ci ait songé à rien usurper — y a trouvé quelque profit. Vincent de Paul n’est plus seul au centre d’une auréole ; ou plutôt le rayonnement de cette auréole ne nous empêche plus de distinguer les amis qui n’ont pas été pour lui de simples collaborateurs, bien fidèles et dociles, mais parfois des inspirateurs et des chefs. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 11 mai 1655, note 27.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0402&cln=27

(Consulté le 19/04/2024)

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