Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 27.
Note [27]

« “ soumettre notre discernement à l’obéissance de la foi ”, {a} car ces choses relèvent, et ces grands mystères ne se peuvent comprendre par raison humaine naturelle. {b} Lactance enseigne qu’il ne faut pas chercher la logique dans la religion (édition in‑fo, page 102, et le passage de Cicéron [à la même page] 102). » {c}


  1. Propos adapté de saint Paul (v. note [15] du Naudæana 1 manuscrit).

  2. Dans ce passage français, « relever » peut : soit être pris au sens absolu de « soulager » (attesté par Furetière) ; soit être mis en relation avec la suite, pour dire « ces choses relèvent de grands mystères… » (ce qui est moins plausible car il faudrait accepter une construction fautive de la phrase).

  3. Cette remarque et sa référence ont été ajoutées dans la marge du manuscrit. Je n’ai trouvé qu’une seule édition de Lactance {i} qui soit in‑fo et antérieure à 1645 :

    L. Cœlii Lactantii Firmiani Opera, quæ quidem extant omnia… Accesserunt Xysti Betulei Augustani pia ac erudita commentaria, nunc primum in lucem edita.

    [Toutes les Œuvres qu’on connaît de L. Cœlius Lactantius Firmanius… Avec les savants commentaires de Xystus Betuleus, natif d’Augsbourg, {ii} publiés pour la première fois]. {iii}

    Leur page 102 {iv} ne correspond pas au propos du Borboniana ; la mention de Cicéron renvoie plutôt aux pages 167‑168 : {v}

    Summum igitur hominis bonum in sola religione est ; nam cætera, etiam quæ putantur esse homini propria, in cæteris quoque animalibus reperiuntur. […] Equidem sic arbitror, universis animalibus datam esse rationem, sed mutis tantummodo ad vitam tuendam, homini etiam ad propagandam. Et quia in homine ipsa ratio perfecta est, sapientia nominatur : quæ in hoc eximium facit hominem, quod soli datum est intelligere divina. Qua de re Ciceronis vera est sententia. “ Ex tot, inquit, generibus nullum est animal præter hominem, quod habeat notitiam aliquam Dei ; ipsisque in hominibus nulla gens est, neque tam immansueta, neque tam fera, quæ non, etiamsi ignoret qualem Deum haberi deceat, tamen habendum sciat. Ex quo efficitur, ut is agnoscat Deum, qui, unde ortus sit, quasi recordetur. ” Qui ergo philosophi volunt animos omni metu liberare, tollunt etiam religionem, et orbant hominem suo proprio ac singulari bono, quod est a recte vivendo, atque ab omni humanitate disiunctum : quia Deus, ut cuncta viventia subiecit homini, sic ipsum hominem sibi. Nam quid est, cur iidem ipsi disputent, eo dirigendam esse mentem, quo vultus erectus est ? Si enim nobis in cœlum spectandum est, ad nihil aliud utique quam ob religionem. Si religio tollitur, nulla nobis ratio cum cœlo est. Itaque aut eo est spectandum, aut in terram procumbendum. In terram procumbere ne si velimus quidem possumus, quorum status rectus est. In cœlum igitur spectandum est, quo natura corporis provocat. Quod si constat esse faciendum, aut ideo est faciendum, ut religioni serviamus, aut ideo, ut rationem rerum cœlestium cognoscamus. Sed rationem rerum coelestium cognoscere nullo modo possumus : quia nihil eiusmodi potest cogitando inveniri, sicut supra docui. Religioni ergo serviendum est quam qui non suscipit, ipse se prosternit in terram, et vitam pecudum secutus, humanitate se abdicat. Sapientiores ergo imperiti, qui etiam si errant in religione deligenda, tamen naturæ suæ conditionisque meminerunt

    Traduction de Jean-Alexandre Buchon (1882) :

    « Le souverain bien de l’homme consiste dans la religion, et les autres biens qui lui semblent propres lui sont communs avec les animaux. […] Pour moi, je me persuade que la raison a été donnée à tous les animaux, mais qu’au lieu qu’elle n’a été donnée aux autres que pour défendre leur vie, elle a été donnée aux hommes pour la communiquer. Comme cette raison est parfaite et consommée dans l’homme, on l’appelle sagesse, et c’est par elle qu’il connaît Dieu. Le sentiment de Cicéron sur ce sujet est très véritable : “ Il n’y a, dit-il, que l’homme qui, parmi un grand nombre d’animaux de différentes espèces, ait quelque connaissance de la divinité. Mais parmi les hommes il n’y a point de nation si barbare ni si farouche qu’elle ne sache pas qu’il est celui qu’il faut adorer. Il suit de là que quiconque se souvient de son origine, reconnaît qu’il y a un Dieu. ” {vi} Les philosophes qui ont voulu délivrer les esprits de toute sorte de crainte, ont ôté toute sorte de religion. Il est certain qu’ils ne pourraient rien faire de plus contraire à l’humanité, ni à la raison ; car comme Dieu a assujetti les animaux à l’homme, il a assujetti l’homme à lui-même. D’où vient que ces philosophes disent que nous devons élever notre esprit au lieu même où nous levons les yeux, si ce n’est pour nous avertir de nous acquitter des devoirs de la religion ? S’il n’y a point de religion, quel rapport avons-nous avec le ciel ? Il faut nous élever vers le ciel ou nous abaisser vers la terre. Nous ne saurions nous abaisser vers la terre, quand nous le voudrions, parce que notre taille est naturellement droite et élevée. Il faut donc regarder le ciel. Mais on ne le peut regarder qu’à dessein ou de s’acquitter des devoirs de la religion, ou d’apprendre le mouvement et le cours des astres. J’ai déjà fait voir que nous ne saurions découvrir, par nos pensées et par nos raisonnements, quel est ce mouvement et ce cours. Ce n’est donc que pour s’acquitter des devoirs de la religion qu’il faut regarder le ciel ; et si on ne le regarde, on rampe sur la terre comme des bêtes, et on renonce à la dignité de la nature humaine. Le peuple avec toute son ignorance est plus sage que les philosophes parce que, bien qu’il se trompe dans le choix de la religion, il n’oublie pas entièrement l’excellence de sa nature et de sa condition. »

    1. V. note [16], lettre de Charles Spon, datée du 28 août 1657.

    2. Sixt Birck (1501-1554), théologien luthérien, dramaturge et philologue allemand.

    3. Bâle, Henricus Petrus, 1563 de 559 pages.

    4. Commentaire de Birck sur le chapitre vi, Quod nec mundus totus, nec elementa, sint vel Deus, vel animata [Ni le monde entier ni les éléments ne sont à l’image de Dieu et pourvus d’une âme], livre ii, De Origine Erroris [Sur l’Origine de l’erreur], des Institutiones Divinæ [Institutions divines].

    5. Début du chapitre x, Proprium hominis esse Deum noscere et colere [Le propre de l’homme est de connaître et vénérer Dieu], livre iii, De falsa Sapientia [Sur la fausse Sagesse], des mêmes Institutiones Divinæ.

    6. Cicéron (Des Lois, livre i, chapitre viii) a vécu avant le christianisme, mais Lactance était un rhéteur chrétien.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 27.

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(Consulté le 25/04/2024)

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