Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 29.
Note [29]

De religiosa S. Ignatii, sive S. Enneconis fundatoris Societatis Iesu, per Patres Benedictinos Institutione. Deque Libello Exercitiorum eiusdem, ab Exercitatorio Venerabilis servi Dei, Garciæ Cisnerii, Abbatis Benedictini, magna ex parte desumpto. Constantini Abbatis Caietani vindicis Benedictini. Libri duo.

[Deux livres de l’abbé Constantinus Caietanus, défenseur des bénédictins, sur l’instauration religieuse de saint Ignace, ou saint Enneco, fondateur de la Compagnie de Jésus, par les pères bénédictins. Et sur l’opuscule d’Essais que le même auteur a principalement tirés de ceux de Garcias de Cisneros, abbé bénédictin, vénérable serviteur de Dieu]. {a}

Le livre s’ouvre sur cet Ex Martyrologio monastico [Extrait du Martyrologe monastique] :

Pridie Kalendas Augusti, Romæ, Depositio S. Ignatij, sive S. Enneconis Confessoris. Qui Christo militaturus, novum hominem, et habitum in Monasterio Beatissimæ Virgini Mariæ Montisserrati Ordinis S. Benedicti induit : ibique Oblatorum, quos Hispani Donatos vocant, religioso schemate donatus, et sub magisterio insignis servi Dei Ioannis Clanonij, eiusdem Monasterij Monachi, ad sanctiorem vitam eruditus, ac eo accepit Exercitatorium vitæ spiritualis ; magni illius et excellenti sanctitate viri Garciæ Cisnerij, eiusdem Ordinis et Monasterij Abbatis : quo et ipse S. Ignatius mirabiles, in vita spirituali progressus fecit : et e quo potissimum post aliquot annos sua Exercitia elucubravit. Hinc admirabilem Societatis Iesu Religionem fundaturus, in S. Mariæ Montis Martyrum prope Parisios, prima suæ Societatis vota ; solemnia vero in Oratorio S. Mariæ ad S. Paulum prope Urbem, Benedictini Ordinis Asceteriis emisit : Montemque Casinum profectus (omnes enim novæ suæ Societatis solemniores Actus apud eosdem Benedictinos celebravit) ibidem in Oratorio S. Mariæ de Albaneta a Casinensibus Patribus adiutus, suæ Societatis Regulas meditatus est. Demum Sanctissimus Illustrium Religiosorum Ordinis Patriarcha, e Converso Benedictino effectus, eiusdem Ordinis lætissima incrementa videns, feliciter obdormivit in Domino ; pridie Kal. Augusti, Anno Domini Millesimo quingentesimo quinquagesimo secto. Quem Gregorius PP. xv. miraculis clarum Sanctorum numero adscripsit.

Attendite ad Petram, unde excisi estis, et ad cavernam laci, de qua præcisi estis : Attendite ad Abraham (Benedictum) Patrem Vestrum, et ad Saram (Benedictinam Religionem) quæ peperit vos. Isaiæ cap. 51.

[Inhumation de saint Ignace, ou saint Enneco le Confesseur, le 31 juillet, à Rome. {b} Se destinant à servir le Christ, il devint un homme nouveau et adopta un nouvel habit dans le monastère bénédictin de Montserrat, {c} pour la très sainte Vierge Marie ; et là, il fut revêtu de l’habit religieux des oblats, que les Espagnols appellent donatos ; {d} puis, sous le magistère de Johannes Clanonius, insigne serviteur de Dieu et moine du dit monastère, il a été initié à la vie sacrée ; de lui, et surtout de la remarquable sainteté de l’éminent Garcias de Cisneros, abbé des dits Ordre et monastère, {e} il a reçu les préceptes de l’existence spirituelle. Saint Ignace y accomplit de remarquables progrès, et surtout, après quelques années, il en échafauda sa propre ascèse, pour fonder ensuite l’admirable rituel de la Compagnie de Jésus, prononçant les premiers vœux de sa Compagnie à Sainte-Marie de Montmartre, près de Paris ; {f} puis des vœux solennels en l’oratoire de sainte Marie à Saint-Paul, près de Rome, {g} qu’il envoya aux couvents de l’Ordre bénédictin. Il se rendit ensuite au Mont-Cassin (car il a célébré tous les actes solennels de sa nouvelle Société chez lesdits moines), où, avec l’aide des pères de l’abbaye, dans le prieuré de sainte Marie d’Albaneta, {h} il travailla aux règles de sa Compagnie. Dès lors, le très saint Fondateur de l’Ordre des illustres religieux quitta le mouvement bénédictin, et voyant le très heureux accroissement du dit Ordre, il s’endormit avec félicité dans la paix du Seigneur, le 31 juillet 1556. Il a brillé par ses miracles, et le pape Grégoire xv l’a compté au nombre des saints. {i}

Regardez le roc d’où vous fûtes taillés, la tranchée d’où vous êtes issus. Regardez Abraham (Benoît), votre père, et Sarah (la sainteté bénédictine), qui vous a enfantés]. {j}


  1. Venise, Christophorus Tomasinus, 1641, in‑8o de 214 pages.

  2. Mort d’Ignace de Loyola (né en 1491, v. note [1], lettre 46) le 31 juillet 1556 à Rome. Enneco est le prénom latin qui est à l’origine d’Iñigo, Ignace en espagnol, sa langue maternelle.

  3. Monastère de Montserrat en Catalogne, près de Barcelone.

  4. Oblat : « enfant qu’on offrait à Dieu pour le rendre religieux dans une abbaye. Autrefois ces oblats étaient autant engagés aux monastères par la dévotion de leurs pères, que par leur propre profession, de sorte qu’ils ne les pouvaient quitter sans apostasie. On a aussi appelé oblats ceux qu’on nommait autrement donnés, qui se donnaient entièrement à un monastère, eux, leur famille et leurs biens, jusque là qu’ils y entraient en servitude, eux et leurs descendants [héritiers] ; et la forme qu’on observait en cette cérémonie était de leur mettre autour du col la corde d’une des cloches » (Furetière).

  5. Moine bénédictin français, dénommé Jean Chanon, Clanonius était le dévoué disciple du P. Garcias Jiménez de Cisneros (v. note [21] du Borboniana 8 manuscrit), auteur du Tractatus Directorii horarum canonicarum et exercitatorii vitæ spiritualis [Traité de la Règle des heures canoniques et de l’exercice de la vie spirituelle] (Paris, Jean Barbier, 1511, in‑8o, pour l’une des nombreuses éditions et traductions).

  6. Le 15 août 1534, avec sept de ses compagnons, sur le triple vœu de pauvreté, de chasteté et de partir en pèlerinage à Jérusalem, dans les deux ans, pour convertir les infidèles.

  7. Le 22 avril 1541, dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs : consécration formelle de la Compagnie, dont Ignace devint le premier supérieur général.

  8. V. 2e notule {a}, note [19] supra pour le monastère du Mont-Cassin et saint Benoît, son fondateur. Le prieuré Santa Maria dell’Albaneta di Montecassino est tout proche de l’abbaye.

  9. Canonisation d’Ignace le 12 mars 1622 par Grégoire xv (v. note [3] du Naudæana 1).

  10. Isaïe, 51:1‑2, citation fidèle, mais que les parenthèses ajoutées tournent à l’avantage et à la gloire des bénédictins.


Additions et corrections du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 214‑216 :

« Const. Cajetano était de Syracuse ; ses plus grands ennemis n’ont pu disconvenir qu’il n’eût beaucoup d’esprit et de savoir. On doit cependant avouer qu’il était trop entêté de sa famille et de la préexcellence de son Ordre, ce qui l’a fait tomber souvent dans le ridicule. Quiconque aura lu le monument qu’il s’est laissé dresser par son neveu, et qu’il a souffert être mis à la tête de l’édition de l’Imitation de Jésus-Christ, sous le nom de Gersen en 1644, me pardonnera cette expression. {a} Il ne fut pas plus modéré pour la gloire de son Ordre. Il mit tout en usage pour persuader que saint Grégoire le Grand, saint Colomban, saint Bruno, saint François d’Assise, saint Thomas d’Aquin, saint François de Paule, le pape Paul iv, saint Philippe de Néri, saint Charles et plusieurs autres avaient été bénédictins ; {b} mais rien ne fut plus mal conçu que le dessein qu’il prit d’attribuer encore à son patriarche, saint Benoît, saint Ignace de Loyola, et de prétendre que les exercices spirituels de ce saint fondateur de la Société étaient copiés en partie de l’Exercitatorium du vénérable Garcias Cisnerus, abbé bénédictin. {c} Le P. Rho, jésuite, le releva un peu fortement sur cette matière. Au reste, je ne sais d’où l’auteur du Naudæana a pris que Cajetan fut appelé à Rome pour servir de second à Baronius dans son Histoire ecclésiastique. {d} Ce cardinal, au contraire, et après lui Allatius, Naudé et quelques autres, auxquels on peut ajouter Cajetan lui-même, assurent que Clément viii le fit venir pour travailler à une édition des œuvres de Pierre Damien, qui parut à Rome et 4 vol. in‑fo. {e} Cet abbé mourut le 7 septembre 1650, âgé de 85 ans. » {f}


  1. Vitry se gaussait à juste titre de la dédicace liminaire, qui ma permis d’alléger le titre des

    Magni, et Venerabilis servi Dei, Ioannis Gersen Abbatis Italo-Benedictini, de Imitatione Christi libri quatuor plane Divini. Nunc denuo ad fidem perantiquorum M. SS. Codd. recensiti, et aucti, atque Apologetico Libello illustrati a D. Constantino Caietano… Ad Sanctiss. D.N. Innocentium Papam x,

    [Quatre livres purement divins du grand et vénérable serviteur de Dieu, Jean Gersen, abbé bénédictin italien, sur l’Imitation du Christ. {i} Dom Constantino Gaetano… les a de nouveau fidèlement établis à partir des plus anciens manuscrits, augmentés et éclairés par un opuscule apologétique. Dédiés à notre très saint Père le pape Innocent x] : {ii}

    A.M.D.G.

    Ope, atque Opera Domini Constantini Caietani, Siculi, Syracusani (Ex Marchionibus Sortini, et Principibus Casseri ; Pisis, ex Comitibus Terricij, et Oriseti in Sardinia ; atque inde Roma, ex Caietæ Ducibus, et Campaniæ Comitibus, Romanæ urbis Senatoribus, ac Præfectis oriundi) Gelasij ii. et Bonifacij viii. Romm. Pontt. Gentilis, Casinensis Abbatis-præsidentis, ac Fundatoris Romani, Apostoliciq. Collegij Gregoriani, Domus S. Benedicti, De Propaganda Fide, eiusdemq. Congregationis Sacræ Consultoris, et Anicianæ Bibliothecæ Librorum tam Manuscriptorum, quam Impressorum refertissimæ, Conditoris.

    Hæc Don Cæsar Caietanus, Patricius Syracusanus, in laudem, et honorem Patrui sui, Viri utique Reverendissimi, ac Doctissimi, Clarissimiq. Recensebat.

    [Pour la plus grande gloire de Dieu. {iii}

    Par l’œuvre et les soins de dom Constantino Gaetano, Sicilien natif de Syracuse (issu des marquis de Sortino et des princes de Cassaro, mais aussi des comtes de Terricio, à Pise, et d’Oriseto, en Sardaigne, et de là, à Rome, des ducs de Gaito et des comtes de Campanie, sénateurs de la Cité romaine, et descendant de leur président), appartenant à la famille des pontifes romains Gélase ii et Boniface viii, {iv} abbé-préfet de l’Ordre du Mont-Cassin, et fondateur romain, bénédictin, du Collège grégorien et apostolique pour la Propagation de la foi, et conseiller de ladite sainte Congrégation, {v} et conservateur de la Bibliothèque vaticane, {vi} débordante de livres, tant manuscrits qu’imprimés.

    Dom Cæsar Caietanus, patricien de Syracuse, a recensé ces titres pour honorer et glorifier son oncle, qui est résolument un très révérend homme, extrêmement savant et célèbre]. {vii}

    1. V. notes [35], lettre 242, et [30] infra.

    2. Rome, Congrégation de la Propagation de la foi, 1644, in‑8o de 239 pages (précédente édition ibid. 1616) ; avec un portrait de Gaetano.

    3. Ad Majorem Dei Gloriam, devise des jésuites, sans doute mise ici en exergue pour consolider leur lien avec les bénédictins.

    4. Sauf à abuser des homonymies, tous ces titres ne sont pas usurpés, à en juger sur la longue généalogie des Cajetan, établie par Moréri. Le bénédictin Giovanni de Gaète fut élu pape, sous le nom de Gélase ii, en janvier 1118, en mourut un an plus tard. Benedetto Caetani a régné sur l’Église de 1295 à 1303 sous le nom de Boniface viii (v. note [40] du Grotiana 2).

    5. Congrégation fondée en 1622 par le pape Grégoire xv et toujours en activité « pour l’évangélisation des peuples » (pro Gentium Evangelizatione).

    6. J’ai interprété Anicianæ comme une coquille, pour Vaticanæ.

    7. Voilà une bien surprenante illustration de l’humilité bénédictine !

  2. L’Ordre de Saint-Benoît a été fondé au mont Cassin vers 529 (v. deuxième notule {a}, note [19] supra). Tous ces bénédictins sont cités ailleurs dans notre édition, à l’exception de saint Colomban de Luxeuil, moine irlandais (540-615) qui a évangélisé une partie de l’Europe. Saint Charles est Charles Borromée (v. note [20], lettre 183).

  3. V. première notule {d} supra.

  4. V. supra note [28].

  5. V. notule {d}, note [72] du Naudæana 1.

  6. « Mabillon, It. Italic. p. 147 », note de Vitry qui renvoie à l’Iter Italicum [Voyage d’Italie] {i} de Jean Mabillon, {ii} relatant sa visite de l’église San Benedetto in Piscinula à Rome (février 1688), où il a vu la tombe (sans épitaphe) de Cajetan :

    Obiit die vii. mensis Septembris anni m dc l, ætatis anno lxxxv. Hinc corrigendus Ughellus, qui ejus obitum ad mensem Julium refert. Mortis causa non tam ex decrepita ætate, quam ex dolore concepta, quod quidam Siculus, ejus familiaris, multos codices antiquos, aliqua monumenta sibi clam abstulisset.

    [Il mourut le 7 septembre 1650 en la 85e année de son âge. Il faut donc corriger Ughellus {iii} qui date sa mort du mois de juillet. La cause de son décès ne fut pas tant la décrépitude de la vieillesse, que le chagrin que lui causa un certain Sicilien de sa parenté en lui dérobant nombre de vieux manuscrits et quelques précieux ouvrages].

    1. V. notule {c}, note [41] du Naudæana 1.

    2. V. note [2], lettre de Hugues ii de Salins datée du 3 mars 1657.

    3. Ferdinando Ughelli, v. notule {d‑i}, note [26] du Naudæana 4.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 29.

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(Consulté le 28/03/2024)

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