À André Falconet, le 6 mai 1650, note 3.
Note [3]

Survenant après la crudité et la coction, la crise était la troisième et dernière phase de la maladie hippocratique : « jugement qu’un médecin fait d’une maladie par quelque symptôme qui arrive au plus fort du mal, quand la nature tâche à se dégager de ses mauvaises humeurs, […] la crise est un soudain changement de la maladie qui se tourne à la santé ou à la mort. La crise se fait ou par excrétion, comme flux de sang, d’urine, de ventre ; ou par sueurs et vomissements ; ou bien par abcès » (Furetière).

En grec κρισις, jugement (du verbe κριυω, je juge aux combats), crise est un terme emprunté au barreau ou à l’art militaire pour exprimer un mouvement subit et accompagné de trouble, qui termine la lutte entre la nature et la maladie, et décide de la mort ou de la guérison du malade ; ou bien un combat subit et violent que la nature livre à la maladie pour se débarrasser de ce qui l’incommode : de là les noms de crise heureuse ou malheureuse, de crise parfaite ou imparfaite, complète ou incomplète. On entend aujourd’hui par crise un changement, le plus souvent favorable, qui survient dans le cours d’une maladie, et s’annonce par quelques phénomènes particuliers, comme une excrétion abondante, une hémorragie considérable, des sueurs, un dépôt dans les urines, etc. Quoique l’existence des crises soit niée par certains médecins, on ne saurait méconnaître que, dans une multitude de cas, ce qu’on a appelé crise n’annonce pas le prochain rétablissement du malade : peu importe d’ailleurs qu’elle soit une des causes de cette amélioration, ou qu’elle n’en soit qu’une conséquence. L’espèce de crise sans phénomènes apparents, que les anciens appelaient lysis, n’est qu’un mode de résolution des maladies. Les crises peuvent survenir à toutes les époques d’une maladie, mais en général, elles ont lieu certains jours plutôt que d’autres ; ce qui a donné lieu à la distinction des jours critiques (dies iudicatorii). D’après Hippocrate et Galien, le plus grand nombre des fièvres se terminent heureusement le 7e, beaucoup le 14e, ces deux jours étant les plus favorables ; ensuite viennent dans l’ordre de leur efficacité, le 9e, le 11e, le 20e ou le 21e, le 17e, le 5e, le 4e, le 3e, le 18e, le 27e ou le 28e. Le 6e jour était surnommé par Galien le tyran, parce que les crises qui s’opèrent le 6e jour sont le plus ordinairement funestes. Après lui, les plus défavorables sont le 8e, le 10e, le 12e, le 16e, le 19e. Le 13e n’était ni heureux ni malheureux. Les crises heureuses sont ordinairement annoncées par des signes favorables qui se montrent environ trois jours auparavant : ainsi l’on voit, le 4e, si l’on peut espérer une crise le 7e ; de même, le 11e est indicateur du 14e, le 17e du 20e (Nysten).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 6 mai 1650, note 3.

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(Consulté le 25/04/2024)

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