Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 3 manuscrit, note 37.
Note [37]

Réponse de René de La Fon, pour les religieux de la Compagnie de Jésus, au plaidoyer de Simon Marion en l’arrêt donné contre iceux le 16 octobre 1597. Avec quelques notes sur le plaidoyer et autres sujets des Recherches d’Étienne Pasquier. {a} À Nosseigneurs de la Cour de Parlement de Paris, {b} chapitre premier (pages 13‑14), Les jésuites persécutés par calomnies comme toute l’Église et le chef d’icelle, Jésus-Christ :

« Et qui eût pensé qu’après si insignes calomniateurs, et calomnies en tant de façons et si malicieusement controuvées, se pût trouver homme si débordé de langue qui en voulût dire davantage, et qui n’eût plutôt horreur de ce qui était dit contre les jésuites, et les jésuites condamnés ? {c} Quel calomniateur fut-il onques si cruel qui ne se contentât de la mort de celui qu’il persécute et qu’il mord ? Et s’il se devait trouver quelqu’un, par miracle, qui voulût entrer en cette recharge {d} de diffamation, qui jamais eût jeté les yeux et la pensée sur Marion, {e} homme catholique de religion, ancien d’âge, avancé en crédit, nouvel officier du roi et qui, par ses conseils < et > plaidoyers, prononcés comme écrits, s’était jà {f} acquis le nom de prud’homme {g} et de disert avocat en la France ? Qui eût pensé que, comme la chèvre qui d’un coup de pied renversa son pot à lait, il voulût, par un libelle diffamatoire, perdre et renverser toute la substance de sa réputation acquise par les essais du barreau ? Qu’il voulut qu’on dît de lui et d’Arnauld, son gendre, Socer generque perdidistis omnia ; {h} et qu’après qu’ils auraient tout perdu, on ajoutât :

Egregiam vero laudem et spolia ampla refertis
Tuque generque tuus
. » {i}


  1. V. note [16], lettre 151.

  2. Villefranche, Guillaume Grenier, 1599, in‑8o de 238 pages.

  3. Les jésuites avaient été bannis de France par un arrêt du Parlement de Paris prononcé le 29 décembre 1594, deux jours après l’exécution de Jean Chastel, auteur d’une tentative d’assassinat sur la personne du roi Henri iv (v. note [13] du Grotiana 1). Ils furent rétablis à partir de 1603 (v. note [8], lettre 16).

  4. Nouvel assaut.

  5. Simon Marion (Nevers 1540-Paris 1605), baron de Druy, était alors au sommet de sa brillante carrière de juriste : « avocat célèbre au Parlement de Paris ; conseiller et avocat général du duc d’Alençon en 1583, avocat général de la reine Catherine de Médicis en 1588, président en la deuxième Chambre des enquêtes du Parlement de Paris le 30 décembre 1596, avocat général du même Parlement, par résignation d’Antoine Séguier [v. note [36] du Patiniana I‑3], le 31 mai 1597. Il était grand orateur, et avait le discours plus persuasif que par écrits » (Popoff, no 1679).

  6. Déjà.

  7. Homme d’honneur et de valeur, sage et loyal.

  8. « Beau-père et gendre, vous avez tout anéanti » : dernier vers du poème xxix de Catulle, In Cæsarem [Contre César], c’est-à-dire contre Jules César et son gendre Pompée, triumvirs de la République romaine, avec Crassus.

    V. note [17], lettre 433, pour l’avocat Antoine i Arnauld (mort en 1619), géniteur de la grande lignée janséniste du xviie s. Il avait épousé en 1585 Catherine Marion (1573-1641), fille de Simon. Le couple eut vingt enfants. Devenue veuve, Catherine Arnaud prit le voile à Port-Royal sous le nom de sœur Catherine de Sainte Félicité, où elle prononça ses vœux en 1629.

  9. « L’illustre mérite, les amples dépouilles que vous rapportez là, toi et ton gendre ! » : Virgile, Énéide (chant iv, vers 93‑94, invective de Junon contre Vénus), avec remplacement de puerque tuus [et ton enfant] par generque tuus [et ton gendre].

Le rude et habile pamphlétaire qui se cachait sous le pseudonyme de René de La Fon était le R.P. Louis Richeome (Digne 1544-Bordeaux 1625), jésuite que ses compagnons surnommaient le Cicéron français. Il s’est surtout fait connaître par ses combats de plume contre la Ligue, qui avait obtenu l’expulsion des jésuites hors de France. Un de ses plus fameux libelles est la Plainte apologétique au roi très-chrétien de France et de Navarre pour la Compagnie de Jésus, contre le libelle de l’auteur sans nom intitulé Le franc et véritable Discours, etc., Avec quelques notes sur un autre libelle dit le Catéchisme des jésuites… (Bordeaux, S. Millanges, 1602, in‑8o, orné d’un élégant frontispice).

Étant donné l’interdit qui frappait sa Compagnie, Richeome a écrit sous d’autres pseudonymes : François des Montaignes (Franciscus Montanus), Louis (Ludovicus) de Beaumanoir et Félix de La Grâce.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 3 manuscrit, note 37.

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(Consulté le 28/03/2024)

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