Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 38.
Note [38]

« son souteneur. » Subactor est un dérivé du verbe latin subigere, « soumettre par la contrainte », « débaucher » ; Gaffiot a sans doute trouvé ce substantif trop grossier pour le mettre dans son dictionnaire ; mais celui de Lewis et Short (Oxford) le donne pour prude synonyme de pædico, « sodomite », « pédéraste ».

V. note [32], lettre 554, pour Marie Stuart, reine d’Écosse puis de France, par son mariage avec François ii. Veuve en 1560, elle était rentrée en Écosse et avait épousé son cousin germain Henry Stuart (lord Darnley) en 1565. En 1567, après la mort de Darnley, Marie abdiqua la couronne d’Écosse et épousa en troisièmes noces son amant, le noble écossais James Hepburn (vers 1534-1578), dit lord Bothwell (Bothuelus, Bothuel dans l’orthographe française du temps), comte de Bothwell et duc d’Orkney, soupçonné d’avoir assassiné Darnley. Les deux époux furent rapidement emprisonnés et menèrent séparément de vaines tentatives pour s’emparer de la couronne d’Angleterre, que détenait Élisabeth ire (v. note [6], lettre 511), reine qui demeurait célibataire et sans descendance. Bothwell finit ses jours dans une prison danoise en 1578 et Marie fut décapitée en Angleterre neuf ans plus tard (v. infra note [39]).

Alexandre Teulet (1807-1866), archiviste paléographe, membre de la Société impériale des antiquaires de France, a édité et soigneusement commenté, dans son Avertissement, huit Lettres de Marie Stuart au comte de Bothwell (Paris, Firmin Didot frères, fils et Cie, 1859, in‑8o), dont Gabriel Naudé pouvait avoir vu les copies. Rédigées en français au premier trimestre de 1567, elles sont accompagnées de douze sonnets. Le tout témoigne d’une passion amoureuse si vive que, par respect pour la mémoire et l’honneur de la reine, certains historiens en ont contesté l’authenticité (mais Teulet a opposé à cela de solides arguments). Ces vers de Marie (sonnet xi, pages 75‑76) en donnent le ton :

« Mon cœur, mon sang, mon âme, et mon souci,
Las ! vous m’avez promis qu’aurons ce plaisir
de deviser avec vous à loisir,
Toute la nuit, où je languis ici,
Ayant le cœur d’extrême peur transi,
Pour voir absent le but de mon désir.
Crainte d’oubli un coup me vient saisir,
Et l’autre fois je crains que endurci
Soit contre moi votre aimable cœur,
Par quelque dit d’un méchant rapporteur.
Une autre fois, je crains quelque aventure,
Qui par chemin détourne mon amant,
Par un fâcheux et nouveau accident.
Dieu détourne tout malheureux augure ! »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 38.

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(Consulté le 18/04/2024)

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