À Charles Spon, le 10 mai 1652, note 4.
Note [4]

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome ii, pages 206‑208, avril 1652) :

« Ce jour donc de vendredi 19, M. d’Orléans fut en l’Hôtel de Ville assis en une chaise élevée sur des marches, sous le dais, ayant à sa gauche M. le Prince, aussi assis ; et aux pieds de Son Altesse Royale était aussi assis sur ces marches le sieur de Saint-Quentin, lieutenant de ses gardes. Il {a} dit, comme il a dit en Parlement, être là venu pour déclarer que tout ce qu’il faisait n’était que pour le service du roi, le bien de l’État, la tranquillité publique et la paix générale, ce qu’il espérait obtenir par la chasse ou retraite du cardinal Mazarin. M. le Prince confirma cela, parlant avec assez de peine et de perturbation, et ajouta qu’aussitôt que le cardinal Mazarin serait chassé, il mettrait les armes bas. Ils dirent aussi que pour laisser la liberté entière à l’assemblée, ils s’en allaient se retirer, comme ils firent jusqu’à la fin de l’assemblée.

Aucuns trouvèrent fort à redire car au moins ils se devaient tenir derrière l’assemblée et ne paraître pas au rang des assemblées.

Comme les princes se retiraient, le maréchal de L’Hospital, gouverneur de Paris, entra. Lors, le prévôt des marchands dit qu’ils s’étaient assemblés, suivant qu’un arrêt du Parlement leur avait donné sujet de ce faire, sur l’état des affaires présentes et que, pour y bien délibérer, il fallait commencer par la lecture dudit arrêt et des autres pièces contre le cardinal Mazarin, que le Parlement avait envoyés à la Ville ; puis par celle des noms et surnoms de ceux qui avaient été députés […].

Tout cela étant fait, il se trouva deux heures de temps consommées et le sieur Piètre, {b} procureur du roi en l’Hôtel de Ville (et aussi procureur général de M. d’Orléans), ayant bien doctement harangué, montrant que la Ville pouvait faire députation au roi […], il conclut à ce que très humbles supplications soient faites au roi qu’il lui plût renvoyer le cardinal Mazarin et rendre au plus tôt la présence de Sa Majesté en sa bonne ville de Paris. Puis, comme il était plus de six heures du soir, on sortit.

À cet instant arriva un courrier avec lettres de cachet du roi portant avis au maréchal de L’Hospital et au Corps de Ville comme {c} le roi, parti de Gien, tirait vers Paris à dessein de s’y rendre, et défenses de faire aucune assemblée de Ville que Sa Majesté ne fût arrivée pour y être en personne.

Le lendemain samedi 20 […] à deux heures, on se rassembla en l’Hôtel de Ville et y eut trois avis. Le premier fut de cinq ou six personnes qualifiées […] et dit que le Corps de Ville pouvait de son chef députer vers le roi, et lui faire requêtes sur les réformation et affaires occurrentes sans qu’il fût besoin que le Parlement ou autres s’en mêlassent, et fut d’avis que le roi fût très humblement supplié de retourner en sa bonne ville de Paris et qu’à cet effet, les princes y contribuassent en mettant les armes bas. […]

Le deuxième avis fut de faire supplications au roi qu’il lui plût expulser du royaume le cardinal Mazarin et retourner en sa bonne ville de Paris.

Le troisième fut ouvert par un échevin nommé Desnoës, apothicaire, semblable au deuxième, mais ayant de plus que les lettres circulaires de la Ville de Paris seraient envoyées à toutes les villes épiscopales de France pour les inviter de faire députation et supplication au roi conforme à la leur. Il parla avec véhémence.

Le prince de Condé dit à M. d’Orléans qu’il voulait connaître cet homme et l’envoyer quérir afin d’avoir un clystère de sa main ; ce qui a donné lieu de faire des vers qui finissent ainsi :

Ô merveilleux apothicaire !
Je veux de toi prendre un clystère ;
M’en dût-il coûter un écu,
Je n’en plaindrai pas la dépense.
Si tu m’as montré ta science,
Je te veux donc montrer mon c…

Six heures étant passées, comme aucuns faisaient instance de continuer, le maréchal de L’Hospital se leva et rompit l’assemblée.

Le lundi 22 à deux heures de relevée, elle s’acheva, et y eut du troisième avis 71 voix comptées, du deuxième, auquel le premier se réunit, 127, qui l’emporta. »


  1. Gaston d’Orléans.

  2. Germain Piètre, v. note [137], lettre 166.

  3. Avisant que.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 mai 1652, note 4.

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(Consulté le 19/04/2024)

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