Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 4.
Note [4]

« Ce Servet était Espagnol natif d’Aragon. Diverses de ses œuvres ont été publiées en 1531 et 1532. Voyez Sponde à l’an 1531, no 6, et à l’an 1533, no 14. {a} Pour sa doctrine, etc., voyez l’Historia del Concilio Tridentino de Pietro Soave, à l’année 1554. » {b}


  1. J’ai pris ces deux citations dans la Continuation des Annales ecclésiastiques du cardinal Baronius. Composées en latin par Mre Henri de Sponde, évêque de Pamiers, {i} jusques en l’année 1640. Divisées en trois tomes. Mises en français par Pierre Coppin, docteur en théologie de la Faculté de Paris, curé de Notre-Dame-du-Val-lez-Paris, et par lui continuées jusques à présent. Tome iii, depuis l’an 1517 jusque présent. {ii}

    • Année 1531, x, Les hérésies de Servet (page 93) :

      « Au même temps, Michel Servet, Espagnol d’Aragon, se fit reconnaître pour hérésiarque nouveau, touchant la très-Sainte Trinité. {iii} Il s’en alla en Afrique après avoir longtemps étudié en médecine, afin d’apprendre davantage l’Alcoran ; et depuis, abusant de la connaissance qu’il avait aux sciences et aux langues, il commença de soutenir les anabaptistes, {iv} enseignant publiquement que le baptême des petits enfants n’avait autre fondement que l’autorité particulière des papes, contre les commandements de l’Écriture Sainte ; et il rejetait entièrement toute sorte de magistrats. Quant à l’Eucharistie, il disait avec les sacramentaires que ce n’était qu’une seule marque ; et son impiété le portant entièrement contre la très-Sainte Trinité, il soutenait que ce n’était qu’une vraie fiction, et un monstre ou un Cerbère à trois têtes, {v} que le Père seul était Dieu, et non pas le Fils et le Saint-Esprit ; que Dieu contenait des parties en sa substance qui l’accompagnent partout où elle est, de sorte qu’il est pierre dans la pierre, tronc dans le tronc ; que le fils de Dieu n’était point la deuxième personne de la Divinité, mais l’Homme-Christ, et que cette personne avait été faite avec l’homme ; que le Saint-Esprit n’était point simplement Dieu, mais quelque chose de l’Essence de Dieu, et un petit vent seulement, qui n’avait commencé qu’à la création du monde ; que Dieu n’avait jamais été adoré durant la Loi, {vi} mais les Anges seulement, qui le représentaient ; qu’ils avaient été réellement dès le commencement et qu’ils avaient eu besoin de quelque renouvellement après que leur chef avait été fait Christ ; que l’esprit et l’âme de l’homme étaient la substance de Dieu, que ceux qui étaient régénérés recevaient une autre âme que celle qu’ils avaient auparavant, qui contenait la divinité ; que personne n’était damné pour le péché originel, d’autant que, le serpent s’étant seulement saisi du corps, l’âme était demeurée libre, laquelle ne peut pécher auparavant la vingtième année ; que les hommes pouvaient être justifiés et sauvés par son Évangile sans la connaissance de Christ, que les Turcs pouvaient obtenir les promesses de Christ par leurs prières qui sont bonnes. »

      1. V. note [21], lettre 408.

      2. Paris, Jacques D’Allin, 1654, in‑fo de 760 pages.

      3. De Trinitatis erroribus libri septem. Per Michaelem Serveto, alias Reves ab Aragonia Hispanum [Sept livres sur les erreurs de la Trinité. Par Michel Servet, alias Reves, Espagnol d’Aragon] (sans lieu ni nom, 1531, in‑8o de 238 pages).

      4. V. note [5], lettre 354.

      5. V. notule {c}, note [29] du Borboniana 6 manuscrit.

      6. La Loi de Moïse, ou Ancien Testament.

    • Année 1553, xiii, Quelques hérétiques brûlés en France, et xiv, On emprisonne Servet à Genève (pages 250‑251) :

      « Comme en France pareillement où, cependant, on punit cette année diversement, par le feu particulièrement, ceux qui, ayant été instruits aux dépens de ceux de Berne, à Lausanne où Bèze enseignait, {i} étaient venus à Lyon pour débiter leur fausse doctrine, sans que ceux de Berne pussent jamais obtenir leur pardon du roi. Sleidan rapporte calomnieusement à son ordinaire leur procès. {ii} On tient que le cardinal de Tournon {iii} y prit beaucoup de peine, haïssant les hérétiques comme perturbateurs de la religion et du repos public.

      De quoi les hérétiques se plaignant cette année, ils montrèrent, par effet et par écrit, qu’on pouvait et le devait faire, Calvin ayant fait lui-même emprisonner Michel Servet, d’Aragon en Espagne, qui était venu cette année à Genève après avoir fait plusieurs tours en Europe et en Afrique pour renouveler l’arianisme, {iv} disant que la Trinité était un monstre à trois têtes, et un certain cerbère des dieux imaginaires, trois esprits de démon ; {v} qu’il y avait de la divinité au<x> diable<s> et qu’elle leur était communiquée substantiellement, et au bois et aux pierres pareillement ; que le Christ était appelé Fils de Dieu d’autant que sa chair avait été conçue et formée, dans le ventre de la Vierge, de la même substance de Dieu. Il parlait du péché et de la justification comme les philosophes et les pharisiens. {vi} Il disait que le baptême était une abomination détestable et un mépris du Royaume du Christ, et qu’il ne le fallait recevoir qu’à l’âge de 30 ans. Enfin, après avoir aigrement disputé contre Calvin, le reprenant souvent de mensonge et ne voulant rien rabattre de son opiniâtreté, il fut condamné, après qu’on en eut communiqué aux sacramentaires de Berne, de Zurich et de Bâle, à être brûlé tout vif ; comme il fut le 27e d’octobre, sans faire paraître aucune marque de pénitence. Bèze dit en la Vie de Calvin qu’il fut puni comme un monstre de blasphème et d’impiété, et non pas comme auteur de quelque secte, afin d’exempter Calvin et les autres, et lui-même, {vii} du feu qu’ils avaient aussi bien mérité que Servet. Mais Calvin tient, sans faire aucune distinction, qu’il fut justement puni par le magistrat, qui peut traiter de cette façon les hérétiques, et son avis est clairement approuvé par Bulinger et Mélanchthon. {viii} Valentin Gentil et Georges Blandrat, disciples de ce Servet, publièrent ses impiétés dans la Pologne, la Hongrie et la Transylvanie. »

      1. V. note [28], lettre 176, pour Théodore de Bèze, l’adjoint zélé de Jean Calvin.

      2. V. supra note [3].

      3. François de Tournon (1489-1562), cardinal en 1530, archevêque d’Auch, puis de Lyon, diplomate et très influent conseiller du roi François ier, fut un fervent ennemi de la Réforme naissante.

      4. Hérésie chrétienne très proche du socinianisme (v. note [13], lettre 127).

      5. V. notule {c}, note [29] du Borboniana 6 manuscrit pour les multiples têtes de Cerbère.

      6. V. notes [19], lettre 970, pour la justification des péchés, et [14], lettre 83, pour les pharisiens.

      7. Bèze.

      8. V. notes [9], lettre 264, pour Jules-César Bulenger, et [12], lettre 72, pour Mélanchthon.

  2. Pietro Soave Polano est l’anagramme de Paolo Sarpi, {i} dont l’Historia a paru en français sous le titre d’Histoire du concile de Trente, traduite de l’italien de Pierre Soave Polan. par Jean Diodati, {ii} livre cinquième, page 451 :

    « En ces mêmes temps, plusieurs furent aussi brûlés en France pour cause de religion ; non sans dépit et indignation des gens de bien, qui savaient que les poursuites qu’on faisait contre ces pauvres gens n’étaient point causées de zèle de religion ou de piété, mais de l’insatiable cupidité d’Anne de Poitiers, {iii} duchesse de Valentinois, femme de joie du roi Henri deuxième, lequel lui avait donné pour une fois toutes les confiscations des biens faites en son royaume pour cause d’hérésie. Car {iv} Michel Servet, de Tarrascon {v} en Espagne, de médecin devenu théologien, ayant renouvelé l’ancienne opinion de Paul Samosaténien et de Marceau Ancyran, {vi} que le verbe divin n’est pas une subsistance, {vii} et que le Christ est purement et simplement homme, fut pour cette cause exécuté à mort en la ville de Genève, de l’avis et conseil des ministres de Zurich, de Berne et de Schaffhouse. Et Jean Calvin, lequel de ce fait était chargé par plusieurs, écrivit un livre, par lequel il soutenait que le magistrat peut punir les hérétiques à mort. Mais selon que le nom d’hérétique est plus ou restreint, ou élargi, ou même diversement pris, cette doctrine aussi peut être tirée à divers sens et peut, en un temps, nuire à tel, auquel, en un autre, elle aurait porté du bénéfice. »

    1. V. note [13], lettre 467.

    2. Genève, Étienne Gamonet, 1621, in‑4o de 971 pages ; v. note [56], lettre 223, pour Giovanni Diodati.

    3. Sic pour Diane de Poitiers (1499 ou 1500-1566), favorite du roi de France Henri ii.

    4. Dans le même temps.

    5. Sic pour Aragon.

    6. Paul de Samosate, évêque d’Antioche au iiie s., fondateur du paulanisme, fut condamné pour hérésie.

      Marcel, évêque d’Ancyre (Galatie) au ive s., fut condamné pour son adhésion au sabellianisme, qui niait la Trinité en disant que Dieu, le Christ et le Saint-Esprit sont trois entités distinctes.

    7. Une seule et même personne (ou hypostase).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 4.

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(Consulté le 19/04/2024)

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