À Charles Spon, le 14 mai 1649, note 40.
Note [40]

Mme de Motteville (Mémoires, pages 274‑275) :

« M. le Prince était un peu dégoûté de la conduite du ministre, {a} que ses ennemis décriaient tout à fait. Il était […] pressé par sa famille d’entrer dans leurs desseins afin de se faire le maître de la cour, au lieu qu’il n’était, à ce qu’ils disaient, que le valet du cardinal. Mme de Longueville {b} se servit de cette union du ministre avec le duc de Vendôme pour faire haïr à M. le Prince celle qu’il avait eue jusqu’alors avec lui. Elle lui dit que c’était une marque indubitable qu’il {a} ne voulait plus le considérer pour son principal appui, puisqu’il entrait dans d’autres intérêts et prenait dans la cour une autre protection que la sienne ; et qu’il était à croire que le duc de Vendôme, devenant parent du ministre, serait plus considéré que personne auprès du roi et de la reine. Ces raisons, représentées par une sœur qu’il avait fort aimée, furent des armes pour combattre dans le cœur de M. le Prince l’inclination qu’il avait à la paix et à ne se point brouiller à la cour. Ce prince, qui eût été au désespoir si on eût cru que quelqu’un l’eût gouverné, se laissa néanmoins conduire par cette princesse à ce que lui-même, de son mouvement, n’aurait jamais fait.

Cet éloignement de volonté porta M. le Prince à s’éloigner de la cour pour quelque temps. Il fit dessein d’aller en Bourgogne et aussitôt qu’il fit paraître avoir cette pensée, la cause en fut facilement perçue par le ministre, qui ne manqua pas d’avoir des avis sur les dégoûts qui commençaient à se former contre lui dans l’âme de ce prince. »


  1. Mazarin.

  2. Sœur de M. le Prince.

Retz (Mémoires, pages 558-559) :

« M. le Prince ne se pressa pas, comme il avait accoutumé, de prendre, cette campagne, le commandement des armées. Les Espagnols avaient pris Saint-Venant et Ypres, et le cardinal se mit dans l’esprit de leur prendre Cambrai. M. le Prince, qui ne jugea pas l’entreprise praticable, ne s’en voulut pas charger. Il laissa cet emploi à M. le comte d’Harcourt, qui y échoua ; et il partit pour aller en Bourgogne […].

Ce voyage, quoique fait avec la permission du roi, fit peine au cardinal et l’obligea à faire couler {a} à M. le Prince des propositions indirectes de rapprochement. […] et j’appris que M. le Prince faisait état {b} de ne pas demeurer longtemps en Bourgogne et d’obliger, à son retour, la cour de revenir à Paris, où il ne doutait pas qu’il ne dût trouver le cardinal bien plus souple qu’ailleurs. »


  1. Glisser.

  2. Se proposait.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 14 mai 1649, note 40.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0176&cln=40

(Consulté le 28/03/2024)

Licence Creative Commons