À Charles Spon, le 16 novembre 1655, note 40.
Note [40]

Épopée poétique latine de Jean Chapelain (v. note [37], lettre 402), La Pucelle d’Orléans déclencha un torrent de louanges et de critiques. Dans le premier genre, on comparait l’ouvrage à l’Énéide et on trouve par exemple ce distique adressé par l’évêque de Vence, Godeau, à l’auteur :

« Le grand bruit de ton nom te trouble et t’incommode ;
L’un t’apporte un sonnet, l’autre t’apporte une ode. »

À l’opposé, se déclara une cabale dont Nicolas Boileau-Despréaux fut l’un des plus mordants acteurs. Il plut des épigrammes. Celle que citait Guy Patin sortait du carquois de François Payot, chevalier de Linière (1628-1704), contrefaisant deux vers de louanges (G.D.U. xixe s.) :

« Dans mille ans l’on parlera d’elle,
Ou l’on ne parlera de rien. »

Il courut un distique latin,

Illa Capellani dudum expectata puella,
Post tanta in lucem tempora prodit anus
.

[On a attendu depuis un bon moment cette pucelle de Chapelain ; si longtemps après, c’est une vieille grand-mère qui est venue au jour].

Linière le traduisit en ce couplet :

« Nous attendions de Chapelain
Une pucelle
Jeune et belle.
Vingt ans à la forger, il perdit son latin,
Et de sa main
Il sort enfin
Une vieille sempiternelle. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 novembre 1655, note 40.

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(Consulté le 29/03/2024)

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