À Charles Spon, le 24 mai 1650, note 41.
Note [41]

Journal de la Fronde (volume i, fo 223 ro, 27 mai 1650) :

« M. le Prince n’ayant su que depuis quelques jours que c’était à ses dépens qu’il était nourri dans le Bois de Vincennes, envoya aussitôt une lettre au président de Nesmond qui, suivant sa procuration, a l’administration de ses affaires, par laquelle il lui défendit de donner davantage d’argent pour sa nourriture, ajoutant qu’il s’étonnait fort qu’il l’eût fait jusqu’ici sans son ordre ; que le roi, l’ayant fait arrêter prisonnier, le devait nourrir ; et qu’enfin, il était résolu de mourir de faim dans sa prison plutôt que d’y manger son bien. Suivant cet ordre, ce président fut trouver M. Le Tellier et lui déclara qu’il se garderait bien de donner davantage d’argent pour la nourriture de M. le Prince, le priant d’y donner ordre ; dont M. Le Tellier ayant été avertir la reine, elle répondit que si M. le Prince ne voulait pas manger son bien, qu’il fît comme il l’entendrait, et n’en put tirer aucune satisfaction. Ce président fut trouver M. le duc d’Orléans, auquel il fit voir l’ordre qu’il avait reçu de M. le Prince et lui dit que du moins on ne pouvait pas lui refuser son plat comme grand maître de la Maison du roi, ce qui lui a été ainsi accordé par l’entremise de Son Altesse Royale. Les pourvoyeurs de la Maison de Sa Majesté ayant refusé de lui donner ce plat, y ont été contraints par un arrêt du Conseil ; et ce président attend pour cet effet un ordre que M. de Bar doit faire dresser et signer à M. le Prince et à M. Perrault. Cependant, les officiers qui servent Son Altesse ayant été un jour sans avoir de quoi apprêter pour sa bouche, M. de Bar a été contraint de faire venir des viandes à ses dépens, lesquelles lesdits officiers n’ont pas voulu servir à M. le Prince, disant qu’ils ne pouvaient pas lui administrer en l’état qu’il était, ne les ayant point achetées eux-mêmes ; {a} ce qui obligea M. de Bar à frapper assez rudement celui qui portait la parole, quoiqu’il fût officier de la bouche du roi, et à faire servir M. le Prince par d’autres. »


  1. Sans pouvoir garantir qu’elles n’étaient pas empoisonnées.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 24 mai 1650, note 41.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0229&cln=41

(Consulté le 19/04/2024)

Licence Creative Commons