Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 43.
Note [43]

Melchior Inchofer (Kőszeg, Hongrie vers 1584-Milan 1648), luthérien converti au catholicisme, entra dans la Compagnie de Jésus et fut envoyé en 1616 à Messine pour enseigner dans le collège jésuite de la ville. Il y publia sa :

Epistolæ B. Virginis Mariæ ad Messanenses veritas vindicata, ac plurimis gravissimorum scriptorum testimoniis et rationibus erudite illustrata. {a}

[Vérité revendiquée de la lettre de la sainte Vierge Marie aux Messinois, éclairée par les doctes témoignages et démonstrations des écrivains les plus sérieux].


  1. Messine, Josephus Matarozius, 1619, in‑4o de 412 pages, avec cet extrait de l’épître mariale, en exergue du titre :

    Maria Virgo, Ioachim filia, Dei humillima Christi Iesu Crucifixi mater, ex tribu Iuda, stirpe David Messanensibus omnibus salutem, et Dei Patris Omnipotentis benedictionem.

    Vos omnes fide magna legatos, ac nuncios per publicum documentum ad nos misisse constat : Filium nostrum, Dei genitum Deum, et hominem esse fatemini, et in cœlum post suam resurrectionem ascendisse : Pauli Apostoli electi prædicatione mediante viam veritatis agnoscentes, ob quod vos, et ipsam civitatem benedicimus, cuius perpetuam Protectricem nos esse volumus.

    [La Vierge Marie, fille de Joachim, très humble mère de Jésus-Christ, Dieu crucifié, issu de la tribu de Judas, de la descendance de David, adresse le salut et la bénédiction de Dieu le Père tout-puissant à tous ceux de Messine.

    Nous constatons que, par lettre ouverte, vous nous avez envoyé les légats et les nonces de votre grande foi. Vous professez que notre Fils, Dieu engendré de Dieu, est aussi homme, et qu’il est monté au ciel après sa résurrection. Par l’intermédiaire de la prédication de Paul, l’Apôtre élu, vous connaissez le chemin de la vérité. C’est pourquoi nous vous bénissons, ainsi que votre cité, dont nous voulons être la protectrice perpétuelle].


Ce livre pour le moins curieux fut immédiatement mis à l’Index, sous condition d’amendements. Une version corrigée du livre reparut en 1630 (imprimée à Viterbe et à Messine). En récompense de sa soumission, Inchofer devint un consultant influent de la Congrégation de l’Index (v. notule {c}, note [30] du Naudæana 2) et de l’Inquisition. Il partagea le reste de sa vie à écrire des ouvrages de critique théologique et d’histoire religieuse, et à enseigner dans divers collèges d’Italie.

V. note [27] du Naudæana 4 pour la Monarchia Solipsorum [Monarchie des Nous-tout-seuls] (Venise, 1645), virulent pamphlet antiloyolitique que Naudé (parmi d’autres) a attribué au R.P. Inchofer.


Additions et corrections du P. de Vitry
(1702-1703, v. note [12] des Préfaces), pages 220‑222 :

« Melchior Inchofer. Ajoutez qu’il y a eu deux éditions de ce livre : la première a pour titre Epistolæ B. Virginis Mariæ ad Messanenses vindicata, ac plurimis gravissimorum Scriptorum testimoniis et rationibus erudite illustrata, auctore P. Melch. Inchofer Austriaco e Soc. Jesu, Messanæ, 1629, in‑fo ; on l’obligea de changer ce titre et de corriger ou éclaircir quelques endroits de son traité ; il en fit une seconde édition en 1631, à Viterbe, qu’il intitula de Epistola B. Virginis Mariæ ad Messanenses conjectatio plurimis rationibus et verisimilitudinibus locuples, auctore, etc. {a} Je sais que l’Alegambe met en d’autres années les éditions de ce livre, qu’il dit que la première se fit en 1630, et la seconde en 1633, mais il ne faut que voir les titres de chaque exemplaire pour se convaincre du contraire. {b} Inchofer était né à Vienne en 1584 et mourut à Milan le 28 septembre 1648. On le fait auteur du Monarchia scriptorum. {c} Il n’a pas tenu aux ennemis de la Société qu’on n’ait cru {d} que les jésuites, ne doutant point qu’il ne fût l’auteur de cette satire, le voulurent éloigner de Rome, où il avait de puissants amis, et le faire passer en quelque lieu de la Terre où l’on pût avec plus de liberté lui faire sentir les peines que méritait son interdiction ; mais comme on ne trouve ces particularités que dans un livre de jansénistes déclarés, ce serait être injuste que d’y ajouter foi sur le simple récit qu’en a fait M. Bourgeois, docteur de Sorbonne, dans sa relation imprimée en 1695, pag. 105, 106, 107 et 108. » {e}


  1. La première édition citée, « par Melchior Inchofer, prêtre autrichien de la Compagnie de Jésus, Messine, 1629, in‑fo », ne diffère que par la date et le format (sans doute mal transcrits par Vitry) de celle qui est indiquée plus haut dans la présente note : 1619, in‑4o.

    La seconde édition est intitulée « Conjecture sur la Lettre de la sainte Vierge Marie aux Messinois, riche de nombreuses démonstrations et vraisemblances, par, etc. » (Viterbe, Ludovicus Grignanus, 1631, in‑fo).

  2. V. note [19], lettre 224, pour la mise à jour de la Bibliotheca scriptorum Societatis Iesu [Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus] (Anvers, 1643) par le jésuite Philippe d’Alegambe.

  3. Sic pour Monarchia Solipsorum (Venise, 1645), ouvrage cité plus haut dans la présente note.

  4. « On doit aux ennemis de la Société d’avoir voulu faire croire… »

  5. Relation de M. Bourgeois, docteur de Sorbonne et député de vingt évêques de France vers le Saint-Siège, pour la défense du livre De la fréquente Communion, composé par M. Arnauld, {i} contenant ce qui s’est passé à Rome en 1645 et 1646 pour la justification de ce livre, avec les lettres des évêques aux papes Urbain viii et Innocent ix, et quelques autres pièces sur le même sujet. {ii}

    Outre ces renseignements biographiques sur l’abbé Bourgeois (page 202), le Dictionnaire de Port-Royal a détaillé ses relations avec Inchofer (page 535, article rédigé par Antony McKenna), ce qui a retenu toute mon attention car je n’ai pas eu accès à sa Relation :

    « Sommervogel, le grand bibliographe de la Compagnie de Jésus, passe sous silence les contacts d’Inchofer avec les théologiens de Port-Royal. Or, Inchofer est à Rome en 1645 lorsque Jean Bourgeois y est député pour défendre le livre De la fréquente Communion d’Antoine Arnauld, et il se lie d’amitié avec cet ami de Port-Royal. Dans sa Relation, Bourgeois rend hommage aux qualités du jésuite et surtout à son “ amour de la vérité, si pur, si désintéressé, si fort et si sincère que nul intérêt d’Ordre, nulle considération de fortune, nul respect pour les grands, nulle crainte de leur déplaire ni de tomber en leur disgrâce ne l’a jamais pu empêcher de rendre à la vérité le témoignage que sa conscience l’obligeait de lui rendre ”. En effet, les historiens de l’abbaye {iii} qualifient Inchofer d’augustinien et précisent, suivant les termes de Bourgeois, que les confrères de Melchior Inchofer l’écartent de leurs délibérations lorsqu’il s’agit de censurer les livres de leurs adversaires. {iv} Inchofer propose au pape Urbain viii {v} vingt-neuf articles de réformation de la Compagnie de Jésus et, vers la même époque, on lui attribue faussement – car l’ouvrage est en fait de Jules-Clément Scotti – le Lucii Cornelii Europæi monarchia Solipsorum (Venise, 1645), qui est un traité contre le gouvernement des jésuites. {vi} Les collègues d’Inchofer voudraient alors l’envoyer au loin et le démettent du Collège des Allemands, dont il est supérieur, mais, affirme Jean Bourgeois, le pape convoque aussitôt le général des jésuites et lui impose de faire rétablir aussitôt le Père Inchofer dans son collège. »

    1. Prêtre janséniste, Jean Bourgeois (Amiens 1604-1687) quitta Port-Royal-des-Champs en 1679 pour se retirer à l’abbaye cistercienne de la Merci-Dieu (Poitou), dont il était abbé, où il mourut. Ses convictions religieuses et sa vigoureuse défense du livre De la fréquente Communion d’Antoine Arnauld (Paris, 1643, v. note [47], lettre 101) lui avaient valu d’être exclu de la Sorbonne.

    2. Ouvrage posthume : sans lieu ni nom, 1695, in‑12 de 117 pages.

    3. De Port-Royal.

    4. Les jansénistes entre autres.

    5. V. supra note [7] pour Urbain viii (1623-1644).

    6. La note [27] du Naudæana 4 discute l’attribution de ce livre, sans oser aboutir à une conclusion aussi catégorique que celle de McKenna.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 3, note 43.

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(Consulté le 23/04/2024)

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