À Charles Spon, le 16 août 1650, note 46.
Note [46]

Vayres (Gironde) se trouve sur la rive gauche de la Dordogne, en face de Libourne.

La cour y était arrivée le 1er août. Chemin faisant, le roi avait renforcé son armée et amenait 12 000 hommes, tandis qu’une flotte d’une demi-douzaine de vaisseaux venus de Dunkerque et La Rochelle, commandée par Duquesne, se dirigeait vers l’estuaire de la Garonne. Depuis la même date, le maréchal de La Meilleraye assiégeait sur ordre du roi le château de Vayres occupé par des frondeurs sous le commandement de Richon, gouverneur de la place. Après une première journée difficile où Richon lui avait tué trois ou quatre cents hommes, La Meilleraye avait obtenu une trêve pour retirer les morts et parlementer. L’émissaire de Richon se laissa corrompre et fit pénétrer les troupes royales dans Vayres, qui l’investirent alors promptement, capturant Michon avec promesse d’amnistie.

La reine fit venir Richon devant elle et le pria de reprendre son gouvernement (Journal de la Fronde, volume i, fo 274 ro et vo, de Bordeaux, le 8 août 1650) :

« mais un quart d’heure après, M. le cardinal et M. de Servien lui ayant représenté qu’il était important de le faire mourir pour donner exemple, elle s’en relâcha ; et ces Messieurs s’étant assemblés avec M. de La Meilleraye, ils le condamnèrent et il fut pendu, nonobstant le murmure de la plupart de leur armée. {a}

Le parlement ayant rompu son assemblée, deux conseillers furent appelés au conseil de guerre qui se tint là dessus chez M. le duc de Bouillon ; où il fut arrêté que pour venger la mort de Richon, un gentilhomme nommé Canolles, qui commandait le régiment du Petit Navailles et qui était ici prisonnier dans le Château du Hâ depuis la reprise de l’Isle-Saint-Georges, où il commandait, serait pendu ; ce qui fut exécuté le 6 sur la rivière à la place des Chartreux, où ce pauvre malheureux fut escorté par 7 ou 8 compagnies de bourgeois en bataille.

Depuis, toutes choses se préparent à une guerre la plus sanglante du monde. »


  1. Ainsi que la supplication de la grande Mademoiselle et les menaces de vengeance transmises par la princesse de Condé, qui tenait Bordeaux.

La Gazette a consacré son extraordinaire du 12 août 1650 (no 115, pages 1026‑1027) à La prise du château de Vayres, sur le chemin du roi vers Bordeaux par le maréchal de La Meilleraye, ensuite de laquelle prise, le gouverneur a été pendu pour avoir tenu contre l’armée royale, mais sur un ton fort différent :

« Ce maréchal, qui n’a plus les gouttes quand il faut prendre des places, sur l’avis qu’il avait reçu que 300 hommes, sous le commandement du sieur Richon, gardaient ce château pour le duc de Bouillon, afin de rendre le chemin de Bordeaux libre, résolut d’enlever cette place, bien qu’elle fût pourvue de bonnes fortifications. À cette fin, l’ayant investie le premier du courant avec l’armée du roi, la garnison, émue par le puissant respect de la royauté, au lieu de la forte résistance qu’elle eût faite en une autre occasion, faisant des cris continuels de Vive le roi, se jeta le lendemain mercredi aux pieds de ce maréchal, lui demandant la vie sauve ; à quoi il consentit, mais à condition qu’ils lui délivrassent leur gouverneur contre l’avis duquel ils s’étaient rendus ; ce qu’elle fit sans aucun délai. » {a}


  1. Sans un mot de plus sur la pendaison de Richon, seulement annoncée dans le titre.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 16 août 1650, note 46.

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(Consulté le 23/04/2024)

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