Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 46.
Note [46]

« sans jamais l’horrifier, mais seulement pour l’empêcher » (v. infra note [47] pour le commentaire de cette phrase latine).

V. note [2], lettre 50, pour François Pithou. Ses bons mots, recueillis dans le Pithœana (Amsterdam, 1740, v. note [2], lettre 50), ont inspiré en grande partie, voire en totalité, cet article du Patiniana (qui ne figure pas dans le manuscrit de Vienne) et les quatre suivants.

V. note [1] du Patiniana I‑1 pour le démon familier de Jean Bodin. Gabriel Naudé a longuement disserté sur celui de Socrate (v. note [4], lettre 500) dans son Apologie pour tous les grands hommes qui ont été accusés de magie (Paris, 1625, v. note [5], lettre 608), pages 226‑229 de la réédition parue à Paris en 1669 :

« Pour moi, je crois que l’on pourrait dire assez véritablement que ce démon familier de Socrate, qui lui était in rebus incertis prospectator, dubiis præmonitor, periculosis viator, {a} n’était autre que la bonne règle de sa vie, la sage conduite de ses actions, l’expérience qu’il avait des choses et le résultat de toutes ses vertus, qui formèrent en lui cette prudence, laquelle peut être à bon droit le lustre et l’assaisonnement de toutes les actions, l’équerre et la règle de toutes les affaires, l’œil qui tout voit, tout conduit et ordonne et, pour dire en un mot, l’art de la vie, comme la médecine est l’art de la santé. De sorte qu’il y a bien plus d’apparence de croire que l’âme de ce philosophe, autant épurée de ses passions plus violentes qu’enrichie de toutes sortes de vertus, était le vrai démon de sa conduite ; que non pas de s’imaginer qu’il se soit embarrassé parmi les illusions et fantômes, leur ait ajouté quelque foi, ou suivi leur conseil ; étant une chose du tout absurde, et laquelle Plutarque même semble nous vouloir déraciner de la fantaisie, quand il dit, au livre qu’il a composé sur ce démon, {b} que Socrate ne méprisait point les choses célestes comme les Athéniens lui voulurent persuader en sa condamnation, mais qu’il est bien vrai que beaucoup d’apparitions, de fables et choses superstitieuses s’étant glissées dans la philosophie de Pythagore {c} et de ses disciples, qui la rendaient totalement ridicule et contemptible, il s’efforça de la manier avec prudence, de la nettoyer de tous ces contes et de n’en croire que ce qu’il jugeait raisonnable. À quoi, si l’on ajoute que toutes ses actions ont été bonnes et qu’il n’avait d’autre but que d’acheminer son prochain par les sentiers de la vertu, je crois qu’il n’y aura nulle apparence de conclure que ce génie ait été un mauvais démon ; ce qu’il faudrait néanmoins croire puisqu’il ne peut avoir été un bon ange, vu que, ou il l’avait eu volontairement ou par permission divine, ce qui est un secret qui n’a point encore été révélé jusqu’ici, ou par la force de ses conjurations, lesquelles ne pouvaient être que vaines en ce temps-là, auquel les anges commandaient plutôt aux hommes et ne se maniaient pas avec tant de facilité que depuis la passion de Jésus-Christ, qui nous a tirés de la servitude du péché pour nous rendre compagnons des anges ; témoin ce qu’ils ne voulurent être adorés par saint Jean l’Évangéliste, comme ils l’avaient autrefois été par Abraham. » {d}


  1. « conseiller dans les affaires incertaines, protecteur dans le doute, guide dans le danger ».

  2. Le Démon de Socrate est un chapitre des Œuvres morales de Plutarque.

  3. V. note [27], lettre 405, pour Pythagore, qui professait un siècle avant Socrate.

  4. Dans la croyance chrétienne, les anges étaient les intercesseurs des hommes auprès de Dieu. Après sa venue sur terre (et donc après Socrate), le Christ les a remplacés dans cette fonction, comme le proclame triomphalement le chapitre 8‑11 de l’Apocalypse de Jean : « L’empire du monde a passé à notre Seigneur, à son Christ, et il régnera aux siècles des siècles » (11:15).

    Réconcilier la pensée des philosophes antiques avec les Saintes Écritures était une vive préoccupation des penseurs chrétiens. Ils s’en soucient moins maintenant que la plupart ne le sont plus.

    V. note [44] du Faux Patiniana II‑6 pour un autre extrait de cette source.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑4 (1701), note 46.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8199&cln=46

(Consulté le 18/04/2024)

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