À Charles Spon, le 1er avril 1650, note 48.
Note [48]

En 1617, le feu maréchal Urbain de Maillé-Brézé, beau-père de Condé, avait épousé Nicole du Plessis, sœur cadette du cardinal de Richelieu. Avant même la mort de sa femme (1635), le maréchal avait pris pour maîtresse attitrée une dame Dervois (ou d’Elvaz ou d’Arvas), exécrée de tout le monde et suspecte de complicités condéennes, qu’on avait arrêtée le 27 mars et emprisonnée à la Bastille (Dubuisson-Aubenay, Journal des guerres civiles, tome i, page 243).

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome i, pages 516‑518) n’a pas manqué d’évoquer le souvenir de cette damoiselle, née Renée Pommier :

« Il y avait à Angers une jeune fille qui travaillait pour les tailleurs sur leur boutique, selon la mode du pays. Un laquais du maréchal de Brézé la débaucha et l’amena à Paris. Il dit à son maître, car on ne vivait pas autrement dans l’ordre avec lui, qu’il avait une jolie maîtresse et la lui fit voir. Elle plut au maréchal, et leur servit quelque temps à tous deux. Il fit ce garçon valet de chambre et la lui fit épouser, il s’appelait Dervois. Cette femme avait du sens et de l’esprit ; elle empaume le maréchal, s’en rend la maîtresse et lui fait traiter la maréchale comme il lui plaisait. Une des choses qui servit autant à achever la grande Nicole, ce fut que le maréchal lui ôta ses pendants et les mit en sa présence aux oreilles de la Dervois. Après la mort de la maréchale, elle eut l’ambition d’épouser M. de Brézé et pour cela, elle fit tuer Dervois à l’affût. {a} Je ne sais si ce fut par l’ordre du maréchal ou s’il en était seulement consentant, mais on assure que depuis il s’évanouissait quand il voyait un lapin. Cette femme pourtant ne vint point à bout de son dessein. Peut-être craignit-elle le cardinal de Richelieu qui, apparemment, n’eût pas trouvé bon qu’on eût ainsi contaminé sa noblesse. La Dervois faisait tout chez le maréchal et dans la province. Elle se levait dès quatre heures, était servante et maîtresse tout à la fois, faisait ses affaires et celles du maréchal en même temps, et était plus habile que tout son conseil. Il lui est arrivé souvent de déchirer tout ce qu’on avait dressé et de dicter les actes elle-même. Elle envoyait des gens de guerre où elle voulait, et à Angers même, à cause qu’elle était mal satisfaite d’un des officiers du présidial. »


  1. À la chasse.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er avril 1650, note 48.

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(Consulté le 24/04/2024)

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